En 1993, la situation économique se dégrade dans la construction. Les heures travaillées plongent jusqu’à 66 millions. Le régime de la construction qui n’a pas changé entre 1975 et 1993 est mis sous pression.

En 1992, les négociations sont corsées et les associations patronales demandent des réductions de salaire. La tension est haute au point où le gouvernement convoque un Sommet sur la construction et met tout sur la table. Les discussions sont franches et plusieurs modifications sont acceptées.

Après le Sommet, le gouvernement libéral dépose le projet de loi 142 pour intégrer les résultats du Sommet et à la surprise générale, ajoute une mesure qui n’avait pas été discutée. Le gouvernement libéral a inclus unilatéralement des mesures de désassujetissement du secteur résidentiel de 8 étages et moins.

La FTQ-Construction a réagi immédiatement et se mobilise dès le dépôt du projet de loi. Yves Paré, directeur général de la FTQ-Construction affirme que le projet de loi est un affront direct : « Cherry, un ancien syndicaliste, vient de déchirer nos conventions collectives. »

Pendant 7 jours, les travailleurs et travailleuses de la construction multiplient les grèves et débrayent. Le ministre du Travail, Normand Cherry, dépose un autre projet de loi, une loi spéciale musclée de retour au travail. Le lendemain, le projet de loi 142 est adopté en vitesse après très peu de consultations. Le gouvernement était tellement pressé qu’il a fallu suspendre les règles de procédures de l’Assemblée nationale pour permettre son adoption.

La FTQ-Construction continue la mobilisation et organise les « Lundis de la construction », des petites manifs régionales chaque semaine pour garder la pression. Les travailleurs et travailleuses de la construction ne manquent pas d’occasions pour signifier leur désaccord avec les changements apportés au régime de la construction.

Le désassujetissement des travaux résidentiels mettait fin à la reconnaissance des compétences et rendait incertains les avantages sociaux pour tous ces travailleurs-là. En plus, en pleine crise économique, les travailleurs et travailleuses allaient se retrouver à devoir travailler avec des conditions de travail à rabais sans protection des conventions collectives. Plusieurs acteurs aussi dénonçaient le déassujetissement en affirmant que cela allait faire exploser le travail au noir.

En 1994, lors des élections de septembre, Jacques Parizeau s’était engagé à « scrapper » le projet de loi 142. La nouvelle ministre du Travail, Louise Harel, dépose le projet de loi 46 avant Noël et le gouvernement introduit quelques modifications et réassujetti la construction résidentielle.