Montréal, le 10 novembre 2006 – Le métro de Montréal fêtait son 40e anniversaire le 14 octobre dernier. À cette occasion, histoire de célébrer l’évènement en grand, la Société de transport de Montréal a ouvert les portes des stations du tronçon de Laval, encore en construction, pour les employés et leur famille. Pour ce faire, elle a volontairement contourné la procédure de cadenassage en vigueur en raison de la présence d’énergie dangereuse.

«Une mesure absolument injustifiable et totalement inacceptable!», a dénoncé François Patry, directeur de la santé sécurité au travail à la FTQ-Construction.

La STM a agi de façon complètement irresponsable dans cette histoire
Afin d’ouvrir la station Montmorency, il fallait mettre en marche les systèmes de ventilation, lesquels n’avaient pas encore complété les tests requis. Même si, normalement, aucun travailleur ne devrait être présent sur le chantier la fin de semaine, le système de ventilation était cadenassé par mesure de sécurité. Il s’agit d’une procédure particulière pour éviter que des travailleurs ou des travailleuses à proximité ne soit blessés ou pis encore.

Les torts de la STM
La STM, en contravention de la Loi sur la santé et la sécurité du travail et des règlements en vigueur, a ordonné que soient décadenassés les systèmes de ventilations pour pouvoir actionner les contacts électriques. Pour ce faire, il a fallu que soit forcée la boîte contenant les clefs des cadenas, que soient débarrés les cadenas sans l’approbation du maître d’œuvre, que soient mis en marche les systèmes de ventilation alors qu’ils n’ont même pas complété les tests requis. Mais par-dessus tout, la mise en fonction des systèmes s’est faite sans que la STM n’ait vérifié si des travailleurs se trouvaient, à ce moment, à proximité.

Est-il vraiment nécessaire de mentionner qu’une telle situation est si dangereuse pour les travailleurs et les travailleuses que l’on établit justement une procédure pour éviter qu’ils ne soient blessés? Dans le cas présent, la STM a outrepassé le maître d’œuvre qu’elle a pourtant elle-même désigné, l’Agence métropolitaine de transport (AMT), lequel est responsable de la santé et de la sécurité sur le chantier de construction. Il est à noter que cela s’est déroulé dans le plus grand secret, puisque le tout a été réparé pour que rien n’y paraisse le lundi matin…

La STM a invoqué son statut de propriétaire pour justifier ses actes…Est-ce que le fait d’être propriétaire lui donne le droit de mettre en péril la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses? Les systèmes de ventilations ne lui appartenaient pas encore, puisque ceux-ci n’étaient pas totalement installés. De plus, le maître d’œuvre est, en tout temps, le responsable désigné de la santé et de la sécurité sur un chantier. La STM a contourné délibérément la procédure de cadenassage pour des motifs qui ne sont absolument pas valables. Que devrait-il prévaloir dans une telle situation : la visite d’un chantier qui n’est même pas encore terminé ou la sécurité de ceux et de celles qui y travaillent?

Pour ceux qui pensent que la FTQ-Construction fait des enfantillages avec cette histoire de procédure, il n’y a qu’à penser aux deux hommes morts en Abitibi en octobre dernier. Il convient de se questionner à savoir si cet accident tragique aurait été causé par le non respect des procédures de cadenassage? Il en va de même concernant la mort du jeune Steve L’Écuyer en octobre 2005, écrasé par un appareil industriel dont le système automatique d’arrêt avait été débranché volontairement. Que faudra-t-il de plus pour sensibiliser les employeurs? Beaucoup plus que de simples amendes visiblement…

Le rôle de la FTQ-Construction
Ce sont les délégués de la FTQ-Construction qui ont eu la puce à l’oreille et qui ont averti leurs représentants syndicaux. Après vérifications faites, ces derniers ont constaté l’ampleur et la gravité des évènements et François Patry, directeur du service de santé et de sécurité au travail, est intervenu. Grâce à toutes ces personnes qui, sur le terrain, ont agi ensemble, des mesures coercitives seront prises pour corriger la situation et éviter qu’elle ne se reproduise. En effet, une rencontre a eu lieu entre la CSST, la STM, l’AMT et la FTQ-Construction. Faut-il aussi mentionner que la FTQ-Construction est, encore une fois, la seule association syndicale à être intervenu dans un cas de négligence pourtant flagrante? Ainsi, François Patry a exigé de la CSST un rapport écrit. De son côté, la CSST mentionne que des contraventions seront émises aux responsables en raison de la gravité des évènements.

Ce que la FTQ-Construction déplore ici, c’est le fait que la STM a complètement négligé la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses pour servir ses propres intérêts. De plus, elle a outrepassé le règlement et contourné une procédure pourtant très claire dans le code de sécurité, selon laquelle le maître d’œuvre est l’ultime responsable de la santé et de la sécurité sur un chantier de construction. Lorsque des responsabilités sont déléguées, il faut qu’elles soient respectées en tout temps afin d’éviter toute confusion qui pourrait engendrer des accidents potentiellement très graves, voir mortels.

MM/

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