Le mardi 15 juillet 2008 – Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne Mance, en collaboration avec la CSST, a tenu vendredi dernier une activité en matière prévention sur la silice cristalline… à même un chantier de construction! Une initiative salutaire à laquelle a participé la FTQ-Construction.

Une session de formation originale… et adaptée!
C’est au cœur du centre-ville de Montréal, dans un édifice en construction de 40 étages, que s’est déroulée la présentation. Par le biais de cette activité, le CSSS Jeanne Mance visait à informer, sensibiliser et former les travailleurs ainsi que les employeurs aux risques pour la santé que comporte l’exposition à la silice cristalline.

Mais au fait, qu’est-ce que la silice cristalline?

La silice se présente sous la forme de cristaux infiniment petits, incolores et inodores. Si on la retrouve naturellement dans la pierre, la roche et le sable, elle se retrouve aussi dans un grand nombre de matières premières utilisées en construction, dont la brique, le béton et le mortier. La poussière de silice se libère dans l’air au moment du sciage, meulage, décapage ou toute autre transformation de ces matières.

Le problème réside dans le fait que la poussière de silice n’est visible qu’au microscope… Ainsi, l’air ambiant peut comporter des concentrations élevées de cette poussière sans même qu’elle ne soit détectable à l’œil. Un travailleur peut donc y être exposé sur une longue période sans en avoir moindrement conscience.

Sournoise et pernicieuse

Une exposition prolongée, régulière, au niveau ou au-dessus des normes à la poussière de silice peut accroître le risque de contracter la silicose 1 ou toute autre maladie pulmonaire et respiratoire, tel que l’emphysème. Elle augmente aussi les risques de développer un cancer du poumon. La silice cristalline est donc, pour ainsi dire, potentiellement mortelle; c’est pourquoi il convient s’en préoccuper rapidement.

Si le problème de la silice est assez bien connu dans les milieux d’exploitation minière, du forage, du décapage au jet abrasif et des carrières, il est relativement récent que l’on ait constaté que problème se présentait aussi sur les chantiers de construction.

Tout comme l’amiante, l’apparition des premiers symptômes de problèmes respiratoires peuvent survenir longtemps après la période d’exposition, de cinq à quinze ans. Pour la poussière de silice, sa présence est d’autant plus inquiétante que, puisque les particules sont infiniment plus fines, elles demeurent en suspension très longtemps dans l’air ambiant, multipliant donc le facteur d’exposition et mettant en péril la santé de tous les travailleurs du chantier.

Prévenir à la source

Il est faux de croire qu’en arrosant d’eau la surface à travailler on élimine le danger de la silice: en séchant, les particules se répandent à nouveau dans l’air et la contaminent comme si rien n’avait été fait. Ça ne fait que retarder le problème.

La seule façon de se protéger efficacement, c’est d’éliminer à la source cette poussière, soit par la capture des particules au moment où elles sont libérées. C’est exactement ce que les techniciens en hygiène du travail du CSSS Jeanne Mance ont expliqué vendredi dernier aux travailleurs et aux employeurs. Il faut capter les poussières à la source en les aspirant, avec des filtres à haute efficacité conçus à cet effet.

D’ailleurs, de tels dispositifs sont déjà sur le marché. Certains fabricants étaient présents au salon de formation pour faire la démonstration de leurs appareils hautement performants et adaptés pour les tâches à exécuter. «Avec de tels appareils, il n’y a aucune raison pour que les travailleurs continuent d’être exposés dangereusement à la silice. Pour protéger leur santé, ce sont les méthodes de travail qu’il faut changer. Les individus responsables de l’organisation du travail sur le chantier ont la responsabilité de voir à ce que les travaux se fassent de façon sécuritaire et adéquate», de mentionner François Patry, directeur du service santé et sécurité à la FTQ-Construction.

Une initiative à refaire

Cette activité de formation aura soulevé bien des interrogations et suscité une prise de conscience, tant chez les travailleurs que chez les employeurs; des spécialistes étaient alors sur place pour répondre aux questionnements dans l’immédiat. «À la FTQ-Construction, nous soulignons cette belle intervention et le travail accompli par le CSSS Jeanne Mance. Nous savons que la collaboration de tous les partenaires de l’industrie est nécessaire pour que ces séances de formation se multiplient. La FTQ-Construction appuie pleinement cette initiative», d’ajouter M. Patry.

1 «La silicose est caractérisée par une fibrose pulmonaire (durcissement des tissus pulmonaires), par des signes de dégénérescence fibreuse et par l’apparition de nodules dans les poumons.» – Dossier …, Prévention au travail, printemps 2007.

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