En 1984, le Congrès du travail du Canada a décrété que le 28 avril serait désormais un jour de deuil national à la mémoire des travailleurs et des travailleuses blessés ou décédés des suites d’un accident du travail. Depuis, cette journée commémorative est observée par de nombreuses instances au pays : syndicats, conseils du travail et gouvernements. Le 28 avril est aussi souligné dans plusieurs pays, lui conférant ainsi un statut international.

Manifestation au Biodôme de Montréal
Samedi dernier, le comité santé et sécurité du travail de la FTQ a organisé une manifestation à laquelle ont participé des centaines de personnes. Ce rassemblement avait pour objectif de rappeler tout le travail à faire lorsque qu’il est question de santé et de sécurité au travail. La FTQ-Construction y était présente, avec une délégation des plus importantes.

Les troupes se sont présentées au Biodôme pour manifester contre l’inaction des gouvernements en ce qui concerne la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses. Le Biodôme est reconnu internationalement comme une institution où il fait bon vivre pour les animaux. Ces derniers y jouissent d’un environnement contrôlé, où tout est prévu. Ainsi, on n’y compte pratiquement aucun accident et aucune mort accidentelle ne survient.

Henri Massé, président de la FTQ, mentionnait à l’occasion du rassemblement de samedi : « Si on peut atteindre de tels standards pour les animaux, ça ne devrait pas être impossible dans les milieux de travail, dans les usines, dans les garages, dans les imprimeries, dans les fabriques de blocs de béton. »

Une réalité bien difficile dans l’industrie de la construction
Si l’année 2005 s’est avérée terriblement meurtrière pour les travailleurs sur les chantiers de construction, avec une augmentation de 66% des décès par rapport à 2004, l’année 2006 n’aura guère été plus reluisante. Malgré les chiffres avancés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), l’augmentation des décès et des accidents se poursuit.

Une organisation du travail déficiente sur les chantiers, le laisser aller et l’insouciance des employeurs sont des causes directes du carnage que subissent les travailleurs et les travailleuses. Pourtant, des moyens efficaces pour remédier en partie à cette situation déplorable et inacceptable sont à la portée de la main des gouvernements, mais rien ne bouge depuis 27 ans.

Une Loi qui joue à «cache-cache»
Richard Goyette, directeur général adjoint de la FTQ-Construction et président du comité santé et sécurité du travail de la FTQ, mentionne la nécessité de l’application complète de la Loi sur la santé et la sécurité du travail : « Ça fait des années qu’on revendique que le gouvernement mette en vigueur les dispositions déjà prévues dans la Loi en ce qui concerne les chantiers de construction. » Il ajoute : « Nous revendiquons la mise sur pied des comités de chantier qui permettraient aux travailleurs et aux travailleuses d’avoir leur mot à dire dans l’organisation du travail et dans la planification de la prévention sur leur milieu de travail. C’est pourtant simple, mais il semble bien que personne ne veut mettre ses culottes, tout comme il n’y a personne pour prendre leurs responsabilités sur les chantiers! »

À ce sujet, bon nombre d’études vont en ce sens. L’Institut de recherche en santé et sécurité du travail (IRRST) a clairement démontré que l’implication directe des travailleurs dans l’organisation du travail permet de diminuer considérablement les accidents et les décès. Comment se fait-il alors que rien ne bouge si tous ces tenants sont bien connus?

Le rapport économique
François Patry, directeur du service de santé et de sécurité du travail à la FTQ-Construction, affirme ni plus ni moins que le laisser aller des gouvernements qui se sont succédés dans les dernières années et le manque de volonté politique sont responsables de tous ces morts et ces blessés.

Dans le cas précis de la construction, il ajoute que les délais serrés, l’accélération de la production et la sous contraction sont aussi en grande partie responsables de tous ces accidents. « Le fast track est décidément un fléau pour les travailleurs. Tant et aussi longtemps que personne ne se responsabilisera quant à l’organisation du travail sur les chantiers de construction, des accidents surviendront. Il est tout de même inconcevable qu’en 2007, on en soit toujours à ce point! Pire encore, la tendance est à la hausse! Ça va prendre quoi pour qu’ils se réveillent? »

Alors qu’il est bien connu qu’en plus de prévenir bon nombre d’accidents et de sauver des vies, une saine organisation du travail rapporte des bénéfices importants à moyen terme, les employeurs s’obstinent à demeurer de glace. « À court terme, la prévention nécessite des investissements. À l’heure actuelle au Québec, il en coûte moins cher de tuer un travailleur ou une travailleuse plutôt que de se responsabiliser sur le plan préventif. Le rapport économique est clair : coûts / bénéfices. Le reste, ça leur importe peu… », de s’indigner Richard Goyette.

La FTQ-Construction est la seule association syndicale de la construction qui fasse de la santé et de la sécurité des travailleurs et des travailleuses une véritable priorité. « Nos travailleurs sont très conscientisés à ce niveau et ils s’impliquent de plus en plus dans nos démarches. La preuve en est de la grande participation de la FTQ-Construction à cette manifestation aujourd’hui », rapportait François Patry samedi dernier, lors de la manifestation.

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