Un discours patronal à sens unique, qui loin de regarder vers l’avenir, nous ramène des années en arrière

Jusqu’à maintenant, 18 rencontres ont eu lieu entre les membres du comité de négociation de l’Alliance et l’Association de la construction du Québec (ACQ). Une seule de ces rencontres fut consacrée à la présentation du cahier des demandes syndicales ; les autres, à un long discours patronal. Il est temps que l’ACQ accepte de négocier sur autre chose que ses demandes. Négocier, rappelons-le, consiste à mener des pourparlers, des discussions. Pour l’instant, nous assistons à un monologue où seul l’intérêt patronal est présent.

 

Pas à n’importe quel prix

L’Alliance veut des conventions collectives signées le plus tôt possible, mais elle ne le fera pas à n’importe quel prix. Avec des demandes patronales irréalistes comme celles-ci, l’ACQ rend le dialogue bien difficile.

–           Augmenter la journée normale de travail de 8 à 10 heures

–          Payer les heures supplémentaires à taux et demi plutôt qu’à taux double

–          Reprise le samedi des heures perdues à cause d’intempéries à taux simple

–          Abolir le secteur industriel lourd et les primes s’y rattachant

Et avec des augmentations de salaire insultantes pour les travailleurs :

À la signature : 0 %

Au 1er mai 2011 : 1,2 %

Au 1er mai 2012 : 1,5 %

Secteur industriel — machinerie de production

L’ACQ étend à l’ensemble des secteurs institutionnel, commercial et industriel, les problèmes de la machinerie de production. Elle accuse l’Alliance d’essayer de gagner du temps en ne réglant pas ce dossier. De notre côté, nous ne cessons de lui répéter que les travaux de machinerie de production sont pour l’instant non-assujettis et n’ont aucun rapport avec les présentes négociations. L’Alliance veut régler pour les secteurs où les travaux sont régis par la Loi R-20. Nous faisons même un pas en avant en proposant d’écrire une lettre d’entente avec l’ACQ qui aura pour effet de revoir certaines clauses de la machinerie de production dès que ces travaux seront de nouveau assujettis par la Loi-R20.

Une vaste consultation qui se poursuit!

Depuis avril, les associations, membres de l’Alliance syndicale, ont entrepris leurs tournées provinciales afin d’informer leurs membres et obtenir des mandats de grève. L’ACQ affirme que le fait de demander des mandats de grève démontre notre peu d’intérêt à négocier.

Nous ne pouvons nier que cela met de la pression sur les employeurs, mais dans l’état actuel des choses, il semble que cela soit nécessaire.

Doit-on également leur rappeler que nous avons procédé ainsi à toutes les rondes de négociations et que contrairement aux employeurs, nous devons tenir des dizaines et des dizaines de rencontres à travers la province? Cela ne peut pas se faire en claquant des doigts. Nous sommes bien loin de l’inertie dont nous accuse l’ACQ.

NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS (24 août 2010)

Le rapport Mireault sur la machinerie de production vient d’être publié. Nous publierons un article sous peu pour expliquer les tenants et aboutissants de ce rapport.

Remettre les pendules à l’heure

L’Alliance syndicale souhaite clarifier certains éléments que l’ACQ semble ne pas avoir compris dans notre démarche.

D’après l’ACQ : « Le choix des syndicats : une loi spéciale! »

L’ACQ saute vite aux conclusions en insinuant que l’Alliance attend une intervention du ministre du Travail alors qu’en réalité, l’Alliance a seulement abordé le sujet lors d’une rencontre devant le médiateur, en s’interrogeant sur la possibilité pour le ministre du Travail d’intervenir dans le dossier. Rien de plus!

D’après l’ACQ : « Les porte-parole syndicaux remettent en question certaines de leurs demandes.  Les trouveraient-ils exagérées? »

Ce que l’ACQ prend pour une remise en question est simplement une ouverture de la part de l’Alliance syndicale pour indiquer notre volonté de négocier. L’Alliance a en effet retiré une de ses demandes afin de faire avancer les négociations et de dégager une marge de manœuvre pour la négociation de clauses qu’elle considère importante pour un plus grand nombre de travailleurs.

Serait-il utile de rappeler à l’ACQ que négocier c’est accepter de faire des concessions de part et d’autre?

D’après l’ACQ : « Les employeurs….savent ce qu’ils veulent, soit des gains de productivité qui amèneront une meilleure compétitivité pour nos entreprises»

L’ACQ adopte une attitude paternaliste et rétrograde dans les présentes négociations. Est-ce que l’amélioration de la productivité repose seulement sur les épaules des travailleurs et passe seulement par une réduction de nos conditions de travail?

L’Alliance préconise plutôt une amélioration de la productivité par le biais d’un partenariat entre les employeurs et les travailleurs. Pour être efficaces et durables, les mesures doivent être profitables pour les deux parties.  Là-dessus, l’Alliance est prête à faire preuve de beaucoup d’ouvertures, mais n’acceptera pas que les travailleurs soient les seuls à faire les frais d’une vision patronale étroite où seul le profit des entreprises est visé.

D’après l’ACQ : les employeurs versent  « 3,51 $ de l’heure contre 0,80 $ pour le travailleur dans le régime de retraite…».

C’est faux et archi-faux, car pour la très vaste majorité des travailleurs les montants versés sont  beaucoup plus importants que celui cité par l’ACQ.  Par exemple, la cotisation d’un tuyauteur à son régime de retraite est de 2,49 $ de l’heure, celle de l’électricien de 3,37 $, celle d’un couvreur de 3,30 $ l’heure.  La quasi-totalité des métiers et occupations ont choisi depuis le milieu des années 80 de verser plus d’argent à chaque semaine dans leur fonds de retraite.

La suite des choses

Pour l’instant, des mandats clairs ont été donnés aux négociateurs syndicaux de chaque secteur, dont ceux du tronc commun.

Ces derniers ont la responsabilité de négocier les dispositions communes aux quatre conventions collectives, dont celles sur les avantages sociaux (assurances et retraite).  Ils ont pour mandat d’arriver à une entente avant la poursuite des négociations dans les autres secteurs d’activités de l’industrie de la construction.

Une fois les clauses du tronc commun réglées, l’Alliance syndicale sera en mesure de mieux évaluer le chemin à parcourir pour arriver à des ententes.

Un recours à des moyens de pression est-il possible? 

Malgré la lenteur des discussions et un discours patronal provocateur, nous gardons bon espoir d’en arriver à une entente négociée.  La stratégie de l’Alliance syndicale demeure la même : discuter, négocier et conclure une entente de bonne foi.

Advenant le cas où nous n’aurions pas d’autres choix, ce n’est qu’à partir du 25 juin que les travailleurs pourraient commencer à exercer leur droit de grève.  C’est également à partir de cette date que les employeurs acquerront le droit au lock-out.

Secteur institutionnel et commercial

Le secteur institutionnel et commercial englobe la construction de bâtiments, y compris les installations et équipements physiquement rattachés ou non à ces bâtiments, réservés principalement à des fins institutionnelles ou commerciales ainsi que toute construction qui ne peut être comprise dans les secteurs résidentiel, industriel et génie civil et voirie.

Comité de négociation

Pierre Beauchemin, Conseil provincial (International)

Serge Lamoureux, SQC

Arnold Guérin, FTQ-Construction

Alain Major, SQC

Éric Jobin, 1er vice-président, CSN-Construction

Michel Ortolano, FTQ-Construction

Martin Ouellet, CSD Construction

Alain Plante, CSD Construction

Denis Sylvestre, CSN-Construction

Guy Villemure, Conseil provincial (International)