Le vendredi 11 juillet 2008 – Les vacances de la construction sont à nos portes, avec un peu de retard cette année. Du 20 juillet au 2 août 2008 inclusivement, des dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses de la construction partiront en vacances, un nouveau record dans l’industrie: environ 132 000 chèques ont été distribuées par la Commission de la construction du Québec (CCQ), totalisant la somme de 246 millions de dollars, soit 10% de plus qu’en 2007.

 

Au-delà de la tradition…
Les vacances estivales de la construction font partie intégrante de la tradition québécoise depuis 1971, date du premier décret officiel dans l’industrie. Aujourd’hui, la période des vacances est intégrée aux clauses normatives des quatre conventions collectives qui régissent les relations de travail dans l’industrie de la construction: génie civil et voirie, institutionnel et commercial, industriel, résidentiel .

De façon générale, les salariés de la construction bénéficient de deux semaines de congé à l’été, période que l’on nomme communément «vacances de la construction». Comme toutes les règles, celle-ci aussi comporte des exceptions. Pour les travailleurs qui oeuvrent dans le secteur des travaux du génie civil, les vacances sont sujettes à ententes avec l’employeur et peuvent donc être prises en d’autres temps. Pour les urgences relatives aux autres secteurs d’activité de l’industrie, aux travaux de réparation, d’entretien et pour le résidentiel léger, la période de vacances peut aussi être reportée des suites d’une entente entre travailleurs et employeurs. Finalement, les travailleurs sur les chantiers isolés ou sur le territoire de la Baie James ne bénéficient pas de vacances estivales à proprement dit.

… une question de gestion et de planification
À l’occasion de ces deux semaines cruciales, on estime qu’il s’agit de près du quart de la population québécoise qui se trouve en congé à cette période de l’année. Inutile de mentionner toute l’importance que cela revêt en matière de retombées économiques, récréotouristiques, etc. Nombre d’industries et de secteurs d’activités planifient donc aussi leur gestion en fonction des vacances de la construction.

Relativement à l’industrie de la construction, la tenue des vacances pendant les deux dernières semaines pleines de juillet permettait une meilleure coordination des différents intervenants, connexes ou non à l’industrie. Il semble toutefois que la planification à long terme ainsi que les répercussions d’éventuelles modifications ne fassent pas partie des préoccupations de l’Alliance syndicale (CSN-CSD-International), qui croit que l’industrie de la construction évolue en vase clos. Comme quoi le manque de vision à long terme constitue un mal virulent, même au sein d’associations syndicales…

Déplacer les vacances pour lutter contre la chaleur?
Si les deux semaines de la construction constituent une tradition vieille de trente ans au Québec, il en sera autrement pour les prochaines années, l’Alliance syndicale ayant jugé opportun et adéquat d’accorder une modification dans la planification des vacances estivales. Ainsi, pour la durée des conventions collectives en vigueur, les vacances de la construction sont maintenant prévues pour les deux dernières semaines de juillet.

Pourquoi? Aux dires de l’Alliance et des employeurs, qui partagent un discours commun quant à leur impéritie en matière de santé et de sécurité du travail, il s’agit d’«un moyen pour lutter contre les changements climatiques». Comment l’Alliance peut-elle prévoir les vagues de chaleur deux ans à l’avance? D’ailleurs, déplacera-t-elle aussi les vacances hivernales en fonction des chutes de neige ou du verglas?

En réalité, cette modification aux conventions collectives est le fruit d’une négociation mal menée par l’Alliance, qui est à la fois dépassée par son mandat et qui connaît mal le contenu des conventions collectives.

Le discours de l’Alliance ne tient pas la route
Pour la FTQ-Construction, la santé et la sécurité du travail est une affaire d’organisation du travail et de méthodes de travail. Préoccupée par la santé des travailleurs et des travailleuses, la FTQ-Construction investit beaucoup d’énergie en matière de prévention, notamment en ce qui concerne les dangers et les risques pour la santé quant aux contraintes thermiques, soit les coups de chaleur.

Pour protéger les travailleurs et éliminer le danger, il est primordial de faire appliquer le Règlement sur la santé et la sécurité du travail à même les chantiers, lequel prévoit des dispositions quant aux contraintes thermiques. Pour la FTQ-Construction, il s’agit d’une évidence. Mais l’Alliance ne semble pas avoir la volonté politique de faire appliquer ce Règlement dans l’intérêt des travailleurs. C’est pourtant le mandat premier d’une association syndicale: faire respecter les droits des travailleurs.

Les travailleurs laissés-pour-compte
D’ailleurs, qu’est-ce que l’Alliance entend faire pour protéger, cet été, les travailleurs du génie civil, ceux qui exécutent des travaux d’urgence et d’entretien et les travailleurs de la Baie James, qui eux, ne bénéficient pas de deux semaines de vacances au même moment que les autres travailleurs? Que fera-t-elle aussi si, par malchance, une canicule s’abattait sur le Québec au retour des vacances des travailleurs?

L’Alliance syndicale a préféré «négocier» la protection des travailleurs, à défaut d’être capable d’exercer un véritable rapport de force pour faire appliquer le Règlement. Ainsi, les employeurs ont obtenu de l’Alliance de faire déplacer les vacances de la construction d’une semaine, prétextant une mesure pour lutter contre les changements climatiques… le parfait prétexte pour détourner l’attention du vrai problème, la réalité des chantiers de construction, et faire appliquer les mesures pourtant prévues pour protéger le travailleurs. Pire encore, l’Alliance se vautre dans ces propos absurdes et débite le même discours ahurissant que les employeurs.

Pendant que l’Alliance dort au gaz et laisse les travailleurs sans protection sur les chantiers, la FTQ-Construction poursuit son travail de prévention et de sensibilisation aux dangers que représentent les contraintes thermiques pour la santé des travailleurs et des travailleuses.

La FTQ-Construction, encore et toujours dans l’action!

MM/