Montréal, le 13 juillet 2006 – Si les français ont droit à leurs cinq semaines de vacances payées par année, plusieurs Québécois, particulièrement les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de la construction, bénéficient des deux plus belles semaines de la période estivale pour profiter de l’été.

Les vacances en chiffres :
Ce vendredi 14 juillet, c’est quelque 127 357 travailleuses et travailleurs de l’industrie de la construction qui partiront en repos. C’est environ 221,5 millions de dollars en paies de vacances qui seront distribués, soit une augmentation de 14 millions de dollars par rapport à l’an dernier, ce qui représente une hausse d’environ 7% (1). Bien que ces deux traditionnelles semaines d’arrêt de travail soient rattachées à l’industrie de la construction, on estime qu’il s’agit de près du quart de la population québécoise qui se retrouve, à ce moment, en congé.

De façon générale, tous les travailleurs salariés de la construction ont droit à quatre semaines de congé annuel obligatoire par année, qu’ils prennent en deux temps: deux semaines à l’été et deux autres à l’hiver. Mais il n’en a pas toujours été ainsi!

Un brin d’histoire :
Fut une époque où les congés payés ne faisaient pas vraiment partie du paysage de la construction. Puis, plus tard, les congés accumulés ont pris la forme de timbres de vacance, lesquels étaient alors échangeables en temps rémunéré au moment jugé opportun par l’employeur et le travailleur. Il s’agissait du début de l’unification du système. En effet, la construction est un domaine différent des autres secteurs en ce sens où les travailleurs changent fréquemment d’employeurs, de lieu de travail et ils font face à des périodes de chômage cycliques. Ainsi, avant 1971, date du premier décret provincial de la construction, chaque région avait son système particulier. De cette façon, les employeurs convenaient, après entente entre les parties, d’une semaine de vacances se situant généralement entre juin et novembre. Par ailleurs, certaines régions imposaient elles-mêmes une date obligatoire de congé pour tous durant la saison estivale.

Le droit aux vacances :
C’est dans l’optique d’uniformiser le système de congés payés que les négociations, faisant suite à l’adoption la Loi sur les relations de travail dans l’industrie de la construction (1968), ont abouti à l’établissement des congés obligatoires pendant les deux dernières semaines complètes de juillet à la grandeur du territoire québécois. D’une part, cette uniformisation s’avérait plus que nécessaire si l’on considère la nature même de l’industrie de la construction, à savoir qu’elle est avant tout constituée de plusieurs métiers et occupations. En effet, comment gérer les périodes de vacances si tous les secteurs, métiers et occupations ne sont pas au diapason? Alors qu’avec le présent système, à quelques exceptions près, tout arrête: l’approvisionnement et les services de l’industrie, évitant désordre et anarchie. D’autre part, le droit aux vacances est, de nos jours, reconnu comme un acquis important et essentiel. Considérant que les chantiers durent en moyenne deux mois et demie, si des congés obligatoires n’étaient pas fixés pour tous, il y a fort a parier que plusieurs ne verraient pas la couleur de leur été, comme c’était si souvent le cas auparavant…

Les exceptions :
La règle générale, selon les conventions collectives des quatre secteurs de l’industrie de la construction, est que les chantiers du Québec doivent fermer pendant cette période. Officiellement, il n’y a donc pas de travail pendant les congés annuels obligatoires, mis à part le secteur du génie civil pour lequel les vacances de la construction sont matière à entente entre les travailleurs et les travailleuses et les patrons.

Il existe toutefois quelques petites exceptions à la règle concernant tous les secteurs telles que les urgences, les travaux de réparation ou d’entretient, les travaux de rénovation ou de modification et les travaux de construction neuve (été)/construction résidentielle légère. Cela signifie donc que certains travailleurs ne profiteront de leurs vacances d’été qu’à une autre date que celle des deux semaines de la construction, après entente avec l’employeur. Dans de tels cas, certaines mesures particulières s’appliquent, comme la nécessité d’en aviser la CCQ et de respecter une rémunération minimale d’une semaine de 40 heures de travail au bon taux horaire par exemples. Ces exceptions ont, historiquement, une raison d’être et ne constituent aucunement une ouverture pour les employeurs à interpréter la convention collective comme bon leur semble. Concernant le secteur résidentiel léger, l’employeur peut demander à ce que le travailleur ou la travailleuse déplace alors ses congés obligatoires à une autre date, entre le 1er juillet et le 31 août de la même année, afin de poursuivre les travaux pendant la période de vacances. En bout de ligne, la décision finale demeure le choix de l’employé.

Somme toute, les deux semaines de la construction font maintenant partie intégrante de la période estivale québécoise. Elles font partie des traditions de chez-nous!

MM/

(1) Chiffres estimés par la Commission de la construction du Québec, juin 2006.