Le lundi 2 avril 2007 – Comme l’avait prévu la FTQ-Construction, le cartel syndical composé de la CSN-Construction, de la CSD-Construction et du CPQMC-International, qui porte pour nom l’Alliance syndicale, s’est effondré devant la partie patronale. La FTQ-Construction avait raison et les faits le démontrent. N’ayant pas l’expérience, l’expertise et le rapport de force voulu pour bien représenter les travailleurs de la construction à la table de négociation, l’Alliance syndicale s’est couchée devant les représentants patronaux.

La FTQ-Construction avait aussi prédit que, si l’Alliance signait l’entente avant l’échéance du 30 avril, elle ne porterait que sur des clauses salariales. Nous avions aussi raison, puisque aucune clause normative intéressante ne vient agrémenter les augmentations consenties par les employeurs. Mais ce qui est désastreux, c’est que pour réussir à signer l’entente, l’Alliance a vendu l’ensemble des travailleurs du génie civil. Face à l’International intéressé surtout par le secteur industriel, la CSN et la CSD n’ont su maintenir la pression nécessaire afin de signer une convention rentable pour les travailleurs du génie civil.

L’augmentation de salaire
Lors de la dernière négociation, la FTQ-Construction avait fait croître la masse salariale des travailleurs de 15,5 %. L’Alliance n’aura obtenu que 11,5%. Elle prétend que ce montant est de 12%, mais en réalité, c’est tout simplement parce qu’elle confond « prime » et « salaire ». De plus, la FTQ-Construction n’avait pas négocié d’autres clauses faisant perdre des avantages aux travailleurs pour qu’ils récupèrent d’une main ce qu’ils donnent de l’autre. Ce n’est pas le cas avec l’Alliance, qui concède de précieux avantages.

Le bilan est clair : la marchandise n’a pas été livrée.

Jour de maladie
L’Alliance syndicale prétend avoir négocié une indemnité pour des jours de maladie. Dans la réalité, voyons ce qu’ils ont négocié. L’Alliance a fait ajouter un 1,5% (0,5% par année sur trois ans) sur la paie de vacances et de congés fériés à titre de congés de maladie. Or, nous savons qu’il faut 2% pour obtenir l’équivalent d’une semaine de congé, à condition que l’on travaille une année complète. On sait que les travailleurs de la construction font en moyenne 1000 heures par année, donc l’équivalent d’une demie année de travail. Ce qui revient à dire que le 1,5% n’équivaut même pas, à la fin de la convention collective, à deux journées de maladie sur une année.

Indemnités pour frais de kilométrage
Les négociateurs de l’Alliance vivent-ils sur une autre planète? En quelques années, le coût de l’essence a explosé. Dans toutes les régions du Québec, le débat a cours sur le prix à la pompe et les conséquences que cela entraîne pour ceux qui ont à se déplacer. Il est évident que les négociateurs de l’Alliance sont loin des difficultés que vivent au quotidien les travailleurs de la construction.

Dans les faits, l’essence ordinaire a connu une augmentation du prix moyen de 36% depuis la dernière négociation : l’essence régulière est passée de 70,8 cents le litre en 2003 à 96 cents le litre en 2006. L’Alliance a accepté que ce soit les travailleurs de la construction qui financent les frais de transport et la crise de l’énergie. Encore une fois, le manque d’expérience et la volonté de négocier rapidement affichés par l’Alliance nous mènent à des pertes importantes.

Incroyable mais vrai, l’Alliance a accepté une augmentation de 4% pour les frais de financement! Tant qu’à l’indemnité de kilométrage, elle passe de 36 cents à 40 cents.

La CSN, la CSD et l’Inter commettent une infamie
Prétextant qu’elle a obtenu de faire payer le surtemps à temps double uniquement sur les chantiers isolés et les chantiers de la Baie James, l’Alliance a vendu aux employeurs les autres conditions de travail des travailleurs des chantiers éloignés et, globalement, les autres travailleurs du génie civil.

Désormais, sur les chantiers à baraquements, «le temps supplémentaire n’est pas libre et volontaire», selon les termes même de l’entente de principe. De plus, la troisième pause n’est prise que si le salarié fait plus de 10 heures par jour.

Il n’y a pas de mot assez dur pour qualifier cette partie de l’entente. Alors que la journée de 8 heures a été obtenue de haute lutte afin de mettre un terme aux abus causés par des horaires de travail abusifs, voilà que l’Alliance offre aux employeurs une première étape visant à abolir la journée de 8 heures. Comment la CSN et la CSD ont-elles pu permettre que leur secteur de construction nous fasse retourner 100 ans en arrière? N’y a-t-il plus aucune règle morale qui tienne si on met de l’argent sur la table? Mais tant qu’à vendre, on vend! L’Alliance ne parle pas qu’elle a aussi vendu le temps de transport sur les chantiers de la Baie-James. On sait que les prochains projets hydro-électriques se feront sur d’immenses territoires et le temps de transport sur les chantiers sera d’autant augmenté. Il fallait bien que la CSN, la CSD et l’International remettent à la SEBJ l’argent obtenu pour le temps double. L’Alliance a donc exclu le temps de transport du temps de travail. Cela aura pour conséquence que la journée de travail sera allongée, que le surtemps sera diminué, que la paie de vacances et les avantages sociaux ne s’appliqueront plus durant les temps de transport.

Et la vente des travailleurs se poursuit…
Cette entente ne comporte aucun gain majeur pour les travailleurs du génie civil en général. On constate même des pertes importantes. Pour les travailleurs de la route, de l’asphalte et autres du génie civil, c’est affreux! L’Alliance a même vendu la semaine de vacances pour les travailleurs affectés à la construction des viaducs et elle a réduit les conditions salariales pour les travailleurs affectés au transport.

Le directeur général adjoint
Richard Goyette