Montréal, le 20 novembre 2006 – Le reportage de l’émission J.E., diffusé sur les ondes de TVA vendredi dernier, a dressé un portrait somme toute assez juste de la situation qui prévaut sur les chantiers de construction en matière de santé et de sécurité au travail. Un dossier chaud, qui allume les journalistes par les temps qui courent; un dossier brûlant en ce qui concerne la FTQ-Construction. Retour sur la question…

La tendance se maintient
Tel que l’a mentionné dans le reportage Richard Goyette, directeur général adjoint de la FTQ-Construction, on remarque une tendance généralisée de la hausse du nombre de décès sur les chantiers de construction au Québec. Les chiffres ne mentent pas; ils sont même stupéfiants : 10 décès en 2004 contre 25 en 20051 !

Pour la FTQ-Construction, cette tendance est causée, entre autres, par des facteurs que l’on pourrait qualifier de structurels : les fast track, l’attribution de contrats aux plus bas soumissionnaires, les délais de livraison trop serrés et le manque de planification dans les travaux en sont quelques bons exemples. Mais, par ailleurs, il y a aussi les dispositions prévues dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui ne sont toujours pas mises en vigueur.

La Loi sur la santé et la sécurité du travail
La littérature est pourtant claire à cet effet et de nombreuses recherches menées par l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail le démontrent clairement : la prise en charge sur les lieux de travail est sans contredit la meilleure option parce qu’elle est la plus rapide pour régler les problèmes liés à la santé et à la sécurité du travail. Pour qu’une telle prise en charge soit rendue possible, et efficace, encore faut-il donner aux intervenants les pouvoirs nécessaires et que soit valorisée cette prise en charge.

Or, ces dispositions sont prévues dans la Loi (LSST), et ce depuis janvier 1980, mais ne sont toujours pas en vigueur à ce jour. Alors que l’on pensait à l’époque que la meilleure façon d’intervenir efficacement en santé et sécurité était d’agir dans les milieux mêmes de travail, nous savons aujourd’hui que cette théorie s’est avérée maintes fois confirmée par un bon nombre d’études.

Comment se fait-il alors que rien de bouge et qu’on ne donne pas à l’industrie les outils nécessaires pour protéger ses travailleurs? Richard Goyette répond ainsi à cette question : « C’est du laisser-aller tout simplement! Actuellement, on aborde un accident de travail comme un accident… Qu’y a-t-il à dire suite à un accident? C’est complètement insidieux comme façon de voir les choses! Il faut plutôt aborder la situation comme un problème de santé, dans toute sa globalité. Et il faut aussi qu’on ait les moyens d’agir… »

À qui de bouger?
Si on veut que les choses avancent, il faut absolument arrêter de penser que la situation est entre les mains de la CSST : c’est entre les mains du ministre du Travail, M. Laurent Lessard, que se trouve la balle. Il faut cesser de se leurrer, c’est lui qui a les pouvoirs de mettre en vigueur les dispositions de la Loi.

Il est plus qu’évident que le conseil d’administration de la CSST, constitué de façon paritaire, n’arrive à aucune conclusion viable. Il y a déjà 26 ans que les parties syndicales et patronales ne s’entendent pas. François Patry, directeur du service santé et sécurité du travail à la FTQ-Construction, rappelle les faits : « Le gouvernement est très au courant de la situation puisqu’il reçoit, chaque année, le rapport annuel de la CSST déposé à l’Assemblée nationale du Québec, lequel rapport est très clair : la situation est insoutenable! »

« Vient un temps où le paritarisme ne mène plus nulle part, c’est donc au ministre d’agir. Nous, on dit que c’en est assez! La situation est telle aujourd’hui que c’est comme si l’employeur avait un droit de veto sur la vie et la mort des travailleurs et des travailleuses! », de s’indigner M. Goyette.

Perspective économique
D’un point de vue économique, il est clair que de s’organiser en santé et en sécurité engendre des frais. Mais il est aussi prouvé que ces investissements s’avèrent rapidement rentables. En effet, sur un chantier bien organisé, les déplacements et le travail sont optimisés et, par conséquent, la productivité aussi… le tout dans un environnement sain et sécuritaire. C’est si simple pourtant! À ces propos, le directeur général adjoint de la FTQ-Construction persiste et signe : « De toute évidence, le calcul est simple : il en coûte moins cher de tuer du monde et de payer les amendes ridicules imposées par la CSST que de s’organiser pour protéger les travailleurs! »

MM/

N.B. : Si vous avez malencontreusement manqué la diffusion de l’émission J.E., vendredi dernier, vous pouvez toujours visionner les reportages en vidéo sur leur site Internet au http://tva.canoe.com/emissions/je/ .

Statistiques émises par l’ASP Construction au Forum sur la productivité et l’emploi dans l’industrie de la construction, d’après les chiffres de la CSST, 2006.

11202006

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