Le jeudi 24 janvier 2008 – L’année commence bien mal à la Baie-James: un incendie majeur et un accident mortel en moins de deux jours… Alors que les travaux prendront leur plein essor au cours des prochains mois au chantier de la dérivation de la rivière Rupert, la situation semble pour le moins inquiétante.

Éclatement de pneu mortel
Le vendredi 11 janvier dernier, au kilomètre 50 de la route de la Rupert, alors que deux travailleurs s’afféraient à réparer le pneu d’un camion de 50 tonnes, celui-ci éclate soudainement. Résultats: un mort et un blessé grave. C’est un jeune travailleur de 22 ans qui décède des suites de cet accident. L’autre, un homme dans la quarantaine, est gravement blessé à la main, deux doigts ayant été complètement arrachés. La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a déposé son rapport préliminaire et poursuit son enquête.

Un incendie ravageur
Dans la nuit du samedi, au kilomètre 235 de la route du Nord, un incendie a complètement détruit un évacuateur de crue. On ne connaît pas encore la cause de l’accident et des ingénieurs inspectent actuellement la structure de l’évacuateur avant que la CSST autorise la reprise des travaux. Bien que l’incendie n’ait fait aucune victime, la Commission enquêtera pour déterminer les causes de cet événement en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail qui prévoit une enquête pour les accidents engendrant des dommages matériels de 50 000$ et plus (LSST, article 62).

Mauvais présage?
Alors qu’Hydro-Québec aurait mérité le prix citron 2007 en matière de santé et sécurité au travail, 2008 ne s’annonce guère mieux: ces deux accidents l’illustrent tristement.

Si Hydro-Québec prétend incarner l’expertise québécoise en matière de construction de projets hydroélectriques, elle devrait aussi l’être en matière de santé et de sécurité. Loin d’exercer un quelconque leadership de ce côté, elle semble plutôt préférer jouer à cache-cache et se délaisser de ses responsabilités.

Pour tout chantier de grande importance, tel que celui de la dérivation de la Rupert, la loi (LSST, article 220) prévoit que le maître d’œuvre (Hydro-Québec) a l’obligation de présenter à la CSST un programme de prévention faisant la démonstration que les conditions relatives à l’organisation de la santé sécurité éliminent les dangers à la source. Or, Hydro-Québec avait, en janvier 2007, déposé un programme totalement incomplet et insuffisant que la FTQ-Construction avait alors vivement dénoncé. La société énergétique devait retourner faire ses devoirs et présenter un véritable programme de prévention.

Un an plus tard, la CSST n’a toujours sanctionné aucun programme de prévention pour le chantier de la Rupert. Pourtant, les travailleurs sont déjà à pied d’œuvre; en 2008, on s’attend à ce qu’il y ait près de 2 500 travailleurs et travailleuses sur le territoire de la Baie-James.

La FTQ-Construction se questionne sur l’organisation et la planification de travail à même le chantier d’Hydro-Québec; il en va de sa responsabilité en tant que maître d’œuvre. C’est exactement pour ces raisons qu’un programme de prévention est indispensable. Cet accident aurait certainement pu être évité et donc, le décès inutile de ce jeune homme.

Les bonnes habitudes, ça se prend tôt
La FTQ-Construction est sérieusement préoccupée par l’attitude déraisonnable d’Hydro-Québec en matière de santé et de sécurité. D’ailleurs, les travaux de la Sarcelle, projet hydroélectrique situé sur le même territoire que celui de la Rupert, ont déjà débuté. Devinez quoi? Aucun programme de prévention n’a à ce jour été sanctionné par la CSST… Le dicton dit «jamais deux sans trois»: à la FTQ-Construction, on craint fort que ce ne soit bien plus que trois victimes qui figureront au palmarès des accidents de travail à survenir sur les chantiers d’Hydro-Québec.

MM/

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