Le jeudi 27 septembre 2007 – « Axée sur la productivité, Hydro-Québec délaisse la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses sur les chantiers de construction dont elle est pourtant le maître d’œuvre », affirme François Patry, directeur du service santé et sécurité de la FTQ-Construction.

Problèmes récurrents
Alors que les travaux dans le secteur du génie civil abondent et que de nombreux projets hydroélectriques se mettent en branle, la FTQ-Construction questionne le discours d’apparence d’Hydro-Québec en matière de santé et de sécurité. Est-ce vraiment une préoccupation de tous les jours? Une priorité constante?

Le cas des infestations de moisissures au Camp Flamand est éloquent. Hydro-Québec aura été longue à assumer pleinement ses responsabilités de maître d’œuvre dans ce dossier : un an après le début des démarches, Hydro-Québec ne reconnaissait toujours pas les moisissures comme la source de nombreux problèmes de santé affectant les travailleurs et les travailleuses sur le chantier. Certains problèmes quant aux premiers secours et au transport des blessés sont aussi survenus sur des chantiers d’Hydro-Québec.

Programme de prévention

Pour les chantiers de grande importance, tels que les projets de centrales hydroélectriques par exemple, il est prévu par la Loi sur la santé et la sécurité du travail qu’un programme de prévention doit être présenté à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) de même qu’aux associations syndicales afin de déterminer les dispositions et les responsabilités de chacun en regard de la santé et de la sécurité sur le chantier.

Or, à ce jour, aucun programme de prévention n’a encore été approuvé par la CSST1 pour le projet de la dérivation de la rivière Rupert à la Baie James et pourtant, les travaux ont débuté et on compte déjà environ 900 travailleurs à pied d’œuvre.

C’est là que le bât blesse

Comment se fait-il qu’une société se réclamant d’une grande expertise en matière de construction de projets hydroélectriques n’est pas à même d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs sous sa responsabilité? Pourtant, la FTQ-Construction a rencontré Hydro-Québec à plusieurs reprises afin qu’elle produise finalement un programme de prévention conforme, dans l’intérêt des travailleurs. Rien n’a été fait depuis.

L’inquiétude exprimée par la FTQ-Construction réside dans le fait qu’Hydro-Québec cherche maintenant à contester la notion de chantier de grande importance. Le mécanisme est simple : en divisant un chantier important en de multiples petits chantiers, Hydro-Québec n’est pas soumise à la présentation d’un programme de prévention pour chantier de grande importance.

Le projet d’Eastmain, dans sa totalité, atteint les 5 milliards de dollars. D’ici un an environ, plus de 4 000 travailleurs de la construction y oeuvreront. Sur la Côte-Nord, un projet de plus grande envergure encore débutera d’ici deux ans : La Romaine. Hydro-Québec est à même de donner les chiffres et les montants alloués à tous les budgets possibles et imaginables, sauf un : la santé et la sécurité.

Laisserons-nous Hydro-Québec mettre en péril l’intégrité physique des travailleurs? Le discours entretenu par les dirigeants d’Hydro-Québec n’a rien à voir avec ce que l’on peut constater sur le terrain. Si elle prétend que la santé et la sécurité est une priorité constante, ce n’est qu’un discours politique pour sauver les apparences. « La prévention, c’est une affaire de terrain et non pas uniquement de discours. De la prévention de papier, les travailleurs en ont rien à faire! », de s’indigner M. Patry.

La FTQ-Construction doute sérieusement de la bonne foi d’Hydro-Québec qui ne cesse de multiplier les délais, les contestations et les recours pour contourner ses obligations.

1 Hydro-Québec avait déjà, en janvier dernier, présenté un semblant de programme de prévention, lequel ne rencontrait pas les exigences de la FTQ-Construction en matière de santé et sécurité. Pour plus d’informations, consultez l’article : « Dans le cadre de la présentation du plan de prévention du projet de dérivation de la Rupert, la FTQ-Construction exige un représentant en prévention et la mise sur pied d’un comité de chantier ».

MM/