Montréal, le 18 janvier 2007 – En vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST), un programme de prévention doit être présenté, par le maître d’œuvre, à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). Par la suite, la Commission doit convoquer le maître d’œuvre et les associations syndicales à une réunion au cours de laquelle le maître d’œuvre doit démontrer que les conditions relatives à l’organisation de la santé sécurité éliminent les dangers à la source. Ultimement, c’est la Commission qui sanctionne le programme de prévention.

C’est dans ce cadre qu’hier matin s’est tenue la présentation du programme de prévention du projet de dérivation de la rivière Rupert par Hydro-Québec devant une importante délégation de la FTQ-Construction et des représentants des autres associations syndicales.

D’entrée de jeu, Richard Goyette, directeur général de la FTQ-Construction, a saisi la CSST d’une demande à l’effet d’intégrer dans le programme de prévention du maître d’œuvre des dispositions portant sur le représentant à la prévention et le comité de chantier, le tout s’appuyant sur la Loi. Depuis 27 ans, on refuse de reconnaître ce droit aux travailleurs de la construction sous prétexte que certaines dispositions portant sur les chantiers de construction ne sont pas en vigueur. S’appuyant sur les articles 195 et 221 de la Loi, les arguments avancés par le porte-parole de la FTQ-Construction démontre plutôt qu’il est possible de faire bénéficier immédiatement les travailleurs des avantages que procure une participation de ceux-ci à l’élaboration et l’application des règles de santé et de sécurité sur les chantiers. En conclusion à sa requête adressée à la Commission, Richard Goyette a soutenu qu’une décision favorable de la part de la CSST irait tout à fait dans le sens du corpus législatif actuel. La Commission rendra une décision sur les prétentions de la FTQ-Construction sous peu.

L’équipe de santé sécurité de la FTQ-Construction, pilotée par François Patry, a investi des dizaines d’heures afin de passer au crible le document proposé par Hydro-Québec. Le constat est unanime : le programme de prévention de la Rupert ne rencontre pas les exigences de la FTQ-Construction en matière de santé et sécurité au travail. Afin de pallier aux nombreuses carences du programme, la FTQ-Construction a fait part au maître d’œuvre des correctifs qui doivent être intégrés au programme.

Selon la FTQ-Construction, on doit retrouver, dans un tel document, des détails quant aux risques encourus par les travailleurs et les travailleuses en raison de la nature de certains types de travaux (travaux en espaces clos, excavation, contact avec de la silice, etc.) et des méthodes de travail sécuritaires qui doivent être utilisées dans de pareilles circonstances. Si l’on s’accorde, dans le domaine de la sécurité, pour reconnaître qu’un programme de prévention doit contenir essentiellement les dispositifs permettant d’éliminer à la source les dangers et une structure organisationnelle pour arriver à cette fin, et bien le programme d’Hydro-Québec ne tient pas la route.

Depuis plusieurs années, la FTQ-Construction intervient sur les chantiers d’Hydro-Québec en raison de nombreux manquements relativement à la santé et à la sécurité des travailleurs et des travailleuses. Ainsi, la FTQ-Construction aura dû, pour faire respecter les droits des travailleurs, aller jusqu’à fermer ses chantiers. À titre d’exemples, notons au passage le cas du Camp Flamand (présence de moisissures dans les dortoirs), de Rapides-des-Cœurs (route pratiquement non carrossable) et du scellé sur le pont roulant à Péribonka.

La FTQ-Construction est d’avis qu’il faut absolument donner aux travailleurs et aux travailleuses les moyens de s’organiser, sur les lieux de travail, adéquatement et efficacement. Combien de fois faudra-t-il le répéter? Bon nombre d’études, notamment de l’Institut de recherche en santé et sécurité du travail (IRSST), démontrent clairement ces données et abondent en ce sens. Seule une prise en charge à pied d’œuvre réduit significativement les lésions professionnelles et les décès à survenir sur les lieux de travail.

À quand la fin de ces programmes de prévention vides qui ouvrent la porte à des opportunités affairistes? Quand les travailleurs et les travailleuses de la construction pourront-ils bénéficier de la mise en vigueur de dispositions législatives leur donnant véritablement les moyens d’agir? La FTQ-Construction est d’avis qu’il est grand temps de faire un pas vers l’avant.

MM/ RG/