Le mardi 10 juillet 2007 – À la veille des vacances de la construction, l’heure est au bilan. En matière de santé et de sécurité du travail, la revue de l’année n’est pas très rose. Outre les déjà trop nombreux accidents, la palme d’or revient certainement à Hydro-Québec dans le dossier du Camp Flamand.
Un an plus tard…
La saga du Camp Flamand aura débuté l’an dernier à pareille date. Rappelons qu’il s’agissait alors d’un problème de présence de moisissures dans les dortoirs du Camp Flamand, abritant les travailleurs de deux chantiers hydro-électriques : Rapides-des-Coeurs et de Chute-Allard. Des travailleurs ont éprouvé des problèmes de santé, certains très graves, et des mesures ont été établies afin qu’Hydro-Québec prenne ses responsabilités en tant que maître-d’œuvre et élimine les dangers relatifs à la santé des travailleurs 1.
Un an plus tard, force est de constater que le dossier n’a malheureusement pas vraiment avancé et qu’Hydro-Québec se défile toujours. En 2006, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) avait rendu une décision ferme, à savoir que la société énergétique devait reconstruire les bâtiments infectés par les moisissures nocives. Hydro-Québec a effectivement rénové les dortoirs infestés, mais a omis de faire les vérifications nécessaires dans l’ensemble des autres bâtiments du parc immobilier du Camp Flamand. De plus, des infiltrations d’eau ont été remarquées dans ces mêmes dortoirs prétendument reconstruits.
François Patry, directeur du service santé et sécurité du travail à la FTQ-Construction s’est largement investi dans ce dossier. Pour lui, l’attitude d’Hydro-Québec est plus que déplorable : « Ils agissent en irresponsables dans cette affaire. Ils sont vraiment de mauvaise foi! »
Retour à la case départ
Plusieurs mois après le début des problèmes reliés aux moisissures, c’est un retour à la case départ : de nouvelles infiltrations sont observées, des travailleurs se plaignent, Hydro-Québec ne reconnaît pas les dangers que cela représente pour les travailleurs et s’obstine à ne pas appliquer les mesures prescrites dans cette situation.
Un sous-comité paritaire formé par Hydro-Québec, la partie syndicale et la CSST est chargé de s’occuper du dossier des moisissures… Mais selon M. Patry : « Au rythme où les choses avancent sur ce comité, les travailleurs auront largement le temps d’être gravement malades avant que des modifications ne soient faites! »
Le plus choquant, c’est qu’Hydro-Québec ne reconnaît pas les nouvelles infiltrations, ne reconnaît pas les dangers que cela représente pour la santé et s’obstine à ne pas faire les travaux qui s’imposent. Pire encore, elle camoufle certaines traces de moisissures en faisant des travaux mineurs qui ne font que diminuer leur visibilité sans les enrayer pour de bon.
L’état actuel des contaminations
À ce jour, les problèmes de contaminations se situent à trois niveaux. D’abord, certains des dortoirs pourtant reconstruits présentent de nouvelles traces d’infiltration d’eau. Hydro-Québec doit pourtant appliquer un protocole déjà établi en cas d’infiltration. À ce jour, rien n’a été fait et aucune investigation n’a été entamée pour constater l’ampleur du problème non plus.
Ensuite, la présence d’infiltrations et de moisissures a été constatée dans les salles de bain. Rappelons que les salles de bain se situent au centre des dortoirs et il y a donc fort à parier qu’elles sont aussi contaminées. Pourtant, Hydro-Québec refuse d’investiguer plus loin et n’envisage aucune réfection.
Finalement, la situation est la même en ce qui concerne les cafétérias, le bar et le restaurant. Hydro-Québec a l’obligation d’effectuer des tests d’air et de vérifier s’il y a des infiltrations d’eau, mais là encore, rien n’a été fait.
Le constat est déplorable; une société aussi importante qui, en toute connaissance de cause, se laisse traîner les pieds dans un dossier qui affecte la santé et l’intégrité physique des travailleurs. Hydro-Québec tente de se départir le plus possible de ses responsabilités et de ralentir le processus par lequel elle pourrait être contrainte d’agir. Alors que la littérature scientifique sur les impacts des moisissures sur la santé des gens est très claire, alors qu’elle s’est déjà vue contrainte par la CSST d’effectuer des travaux de réfection, pourquoi s’entête-t-elle à ne pas reconnaître l’ampleur du problème qui prévaut dans son campement?
Combien de temps encore ce dossier traînera-t-il en longueur? « Dans cette situation et compte tenu du cafouillage qu’elle sème, ça commence à devenir franchement gênant pour Hydro-Québec! », de s’exclamer François Patry. Il ajoute que des mesures devront être envisagées pour faire bouger les choses et, dans cette perspective, rien n’est écarté.
1 Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le dossier du Camp Flamand :
« Camp Flamand: la saga des moisissures se poursuit » – Le lundi 14 mai 2007
MM/