Nous pouvons interpréter ce slogan de plusieurs manières, mais pour la FTQ-Construction, j’aimerais vous dire ce qu’il signifie.

 

Le projet de loi déposé par la ministre du Travail Lise Thériault sur le placement syndical est une tentative claire et nette de casser la FTQ-Construction. Prenant prétexte des difficultés rencontrées par le placement syndical, le projet de loi veut enlever des voix aux organisations syndicales les plus représentatives et remettre le pouvoir aux organisations minoritaires.

Dans n’importe quelle démocratie, quand tu représentes 44 % du monde, tu t’attends à détenir 44 % du pouvoir décisionnel. Là, le gouvernement veut donner à chacun des trois petits syndicats de la construction le droit de dire non à la majorité ! Voilà une des raisons pour lesquelles on ne doit pas se laisser faire !

Cela est vrai pour le conseil d’administration de la CCQ, où on perd une voix et où on se retrouve à égalité avec les petits syndicats minoritaires. C’est vrai aussi pour les négociations où un petit syndicat pourra purement et simplement empêcher la ratification des conventions collectives.

Est-ce que le parti libéral accepterait de donner la même voix à Québec Solidaire à l’Assemblée nationale ?

Ça fait huit ans qu’on endure le règne du gouvernement de Jean Charest, un gouvernement qui a placé la partisanerie et les amis du parti au-dessus des intérêts des citoyens. Il est en train de maganer nos systèmes publics de santé et d’éducation et il a laissé à la débandade l’industrie du bois et l’industrie manufacturière. Et là, il fait tout son possible pour éviter une commission d’enquête sur l’industrie de la construction et le financement des partis politiques. Plutôt que de s’attaquer aux entrepreneurs véreux ou aux firmes informatiques et de génie-conseil frauduleuses, il nous a choisis comme bouc-émissaire. Leur cheval de bataille : le placement syndical. On ne doit pas le laisser faire.

L’année dernière, il y a eu une trentaine de plaintes d’intimidation, de harcèlement ou autres de déposées à la Commission de la construction du Québec. Pour une industrie représentant 150 000 travailleurs et travailleuses, 16 000 chantiers et des milliers d’entreprises, admettons que ce n’est pas énorme. Quoique, s’il n’y en avait pas, ce serait encore mieux. La loi prévoit des mesures extrêmement sévères à l’encontre de tels délits, qu’ils soient commis par un syndicat ou un patron. Nous demandons au gouvernement d’avoir une colonne vertébrale et d’avoir le courage d’appliquer la loi plutôt que de s’en prendre à la FTQ-Construction par voie détournée.

La CCQ va créer une liste obligatoire informatisée pour les travailleurs et travailleuses et les employeurs n’auront qu’à choisir parmi les personnes inscrites. Il sera donc très facile d’être discriminatoire face aux femmes, aux minorités ethniques, aux plus de 50 ans… Et si quelqu’un refuse d’aller travailler pour un entrepreneur ayant la réputation de ne pas payer ses employés, va-t-il se faire couper ses prestations d’assurance emploi? Je crois sincèrement que cela nuira à un grand nombre de travailleurs et travailleuses.

Qui paiera pour tout cela ? La mise sur pied de systèmes informatiques nécessite toujours des coûts exorbitants. On n’a qu’à penser au registre des armes à feu ou à la liste des dossiers de santé qui n’est toujours pas faite, mais qui va coûter plus d’un milliard aux contribuables… le triple de ce qui était prévu.

Qui va payer? Ce sera sûrement la CCQ, mais qui finance cette CCQ? Les travailleurs et travailleuses de l’industrie de la construction entre autres, directement sur leur paie! On contribue déjà à la hauteur de 65 % pour les activités de la CCQ. Va-t-on venir fouiller davantage dans nos poches ? Ça en a tout l’air !

Ce n’est qu’une des raisons pour laquelle nous dénonçons ce projet de loi et que nous ne nous laisserons pas faire! Il n’est pas question de laisser le gouvernement libéral détruire un système qui a fait ses preuves, dans une industrie qui, depuis quelques années, a permis de passer à travers la crise économique mondiale. S’il y a des pommes pourries dans l’engrenage, que le parti libéral ait le courage de sanctionner les coupables et d’instituer les enquêtes nécessaires. Là, on le laissera faire !

Je vous invite tous à aller sur le site de l’Assemblée nationale et de vous opposer en ligne au projet de loi 33.

https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commentaire.html?type=ProjetLoi&id=9361&url=travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-33-39-2

Solidairement vôtre,

Yves Ouellet

Directeur général de la FTQ-Construction