La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et la FTQ-Construction ont déposé cet après-midi leur mémoire sur le projet de loi 33 portant sur l’élimination du placement syndical.


 

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, a débuté la présentation, suivi d’Arnold Guérin et d’Yves Ouellet, respectivement président et directeur général de la FTQ-Construction.

D’entrée de jeu, le président de la FTQ a dit qu’ils étaient là en « mode solution » et qu’ils souhaitaient trouver une issue satisfaisante afin d’améliorer l’ensemble du fonctionnement de l’industrie de la construction, notamment celui du placement syndical.

« On a une industrie florissante, des relations de travail qui ont assuré la paix industrielle depuis près de 30 ans, une main-d’œuvre chevronnée et formée avec l’aide des programmes de formation négociés entre les parties, une main-d’œuvre des plus productives, compétente et demandée à travers le monde. Et tout ça, administré au sein d’une CCQ fonctionnant de mieux en mieux et connue pour ses valeurs de paritarisme.

 

« Avec ce projet de loi, c’est tout ça qu’on va mettre à terre. On vire tout à l’envers, au risque d’aboutir dans une situation où la CCQ se discréditera complètement.

 

« Je ne vous dis pas qu’il n’y a pas de problème, mais en personnes civilisées que nous sommes tous autour de la table, il y a toujours moyen de discuter et de trouver les bonnes solutions aux vrais problèmes », a déclaré le président de la FTQ.

Pour Arnold Guérin, « le début des audiences de la commission parlementaire a été très significatif et il en a appelé à la vigilance des députés face aux anecdotes qui peuvent être racontées à huis clos. Lundi, le comité ad hoc des femmes a accusé un membre de la FTQ-Construction d’avoir frappé une femme et rapporté que deux autres femmes avaient dû sortir du chantier en ambulance. Une fois les faits vérifiés, il est apparu d’un côté que la première avait été frappée par un entrepreneur et que de l’autre, il s’agissait d’une pure invention.

« Si le groupe de travail s’est fait raconter de telles calomnies, on peut comprendre qu’il ait produit un tel rapport. Mais la vérité est loin de là. À part certains problèmes qu’on peut régler, le placement syndical n’est pas le monstre qu’on nous présente. On est prêts à s’asseoir et à regarder comment l’améliorer, en respectant une gestion humaine et responsable. »

Yves Ouellet, lui, s’en est pris au déni des règles de démocratie élémentaire que sont la représentation proportionnelle au conseil d’administration de la Commission de la construction du Québec (CCQ) et à divers comités, et la règle du « 50% + 1 » qui prévaut lors de la ratification des conventions collectives.

« Quand vous allez à une assemblée et qu’un vote est pris, est-ce que ce n’est pas la règle de la majorité qui s’applique? Quand on a connu le débat au Québec, sur la règle du « 50 % + 1 » dans le cas d’un référendum, est-ce que ce n’est pas cette règle-là qu’on a retenue? Même chose à l’Assemblée nationale!

 

Imaginez le branle-bas de combat si le législateur décidait, du jour au lendemain, que désormais, dans une assemblée d’actionnaires, c’est fini le nombre de voix égales aux parts détenues et que désormais celui qui a 50 actions a une voix égale à l’autre qui en a 100 000.

 

On ne peut pas, comme ça, du revers de la main, dire « ben là, à partir de maintenant, que vous représentiez 5 % ou 45 % du monde, c’est pareil! »

Il a terminé en faisant allusion au fonds de formation de 190 millions de dollars, appelé, selon le projet de loi, à passer sous le contrôle de la CCQ. « Pour nous, ça nous rappelle des histoires comme ce qui est arrivé à la SAAQ ou à l’assurance-chômage, où on s’est sauvé avec la caisse. On ne peut pas laisser passer ça. »

Le mémoire de la centrale et de la FTQ-Construction comprend une série de recommandations positives sur le placement syndical, la gouvernance, le processus de négociation, les fonds de formation et d’indemnisation, les dispositions du Code du travail, la publication des états financiers et les juridictions de métiers et occupations.

Le mémoire est disponible sur les sites de la FTQ et de la FTQ-Construction ainsi que sur celui de l’Assemblée nationale.

La FTQ est la plus grande centrale syndicale québécoise avec plus de 600 000 membres, dont 70 000 membres sont affiliés à la FTQ-Construction.