On entend souvent dire par certaines personnes que c’est rentable pour un salarié de l’industrie de la construction de travailler au noir pour sauver de l’impôt et avoir accès à des meilleures prestations d’allocations familiales.  Qu’en est-il pour de vrai ?  Notre actuaire a analysé la situation pour vous.

TALON DE PAIE DE LA SEMAINE
Paie (brut) 1810,88 $
Impôts – 452,24 $
Cotisations à CCQ

vacances, fériés,

maladie,

retraite

 

-207,58$

-102,56$

-138,32$

Cotisations à RRQ, Assurance-emploi, RQAP -134,26 $
Autres (dont cotisations syndicales) -30,21 $
Paie (net) 843,81 $

Prenons l’exemple d’un salarié Opérateur de pelles mécaniques (classe A) qui travaille une semaine de 40 heures dans le secteur Génie civil et voirie. Son taux horaire est de 39,40 $.

À priori, si on prend le taux horaire de 39,40 $ et qu’on enlève l’impôt payé, on obtient un taux d’environ 25 $/heure.  On pourrait être tenté de penser que travailler au noir pour 25 $/heure est une bonne affaire.  Il s’agit là d’une évaluation inexacte.  La rémunération d’un salarié, ce n’est pas juste le taux horaire.  Voici ce qu’il en coûte à l’employeur pour la même paie du salarié.

COÛT À L’EMPLOYEUR
Taux horaire 1576,00$
Vacances, fériés, maladies, retraite CCQ,

Médic, équipement de sécurité, formation

et indemnisation

 

550,80$

RRQ, Assurance-emploi, RQAP et CSST 252,80$
Autres 79,20$
Coût total 2458,80$
Coût total par heure 61,47$

Donc, en pensant faire un bon coup en travaillant au noir pour 25 $/heure, le salarié laisse sur la table un montant de 22,07$/ heure!  Pour 1 000 heures de travail au noir, le salarié va avoir perdu 22 070 $ et fait économiser 36 470 $ à son employeur!

 

RÉMUNÉRATION HORAIRE DU SALARIÉ
Taux horaire 39,40 $
Autres avantages 22,07 $
Coût total par heure 61,47 $

Les montants perdus par le salarié, et les heures non déclarées à la CCQ, vont se traduire par une quinzaine de conséquences négatives pour lui :  Pas de paie de vacances; Pas de paie pour les congés fériés; Pas de paie pour les jours de maladie; Pas de couverture d’assurance Médic (vie, maladie, dentaire, salaire) pour lui et sa famille; Pas d’économies pour la retraite; Pas de couverture par le Régime de rentes du Québec (décès, invalidité, retraite); Pas de couverture par l’Assurance-emploi; Pas de couverture par la CSST en cas d’accident de travail; Pas de couverture par le Régime québécois d’assurance parentale; Pas d’allocation pour équipement de sécurité; Perte d’accès à certains avantages de Médic et du régime de retraite CCQ; Accès limité à certains cours de perfectionnement; Aucune protection syndicale; Aucune protection du fonds d’indemnisation en cas de non-paiement du salaire.

 

LE SCÉNARIO DES IRRÉDUCTIBLES
Montant reçu en travaillant au noir (40 x 25$) 1 000,00 $
 

Montant reçu avec une paie :                         Paie nette

 

857,49 $

+ Vacances/fériés/maladie/retraite 448,48 $
+ Cotisations de l’employeur pour la retraite 163,20 $
Total 1 469,17 $
Perte nette par semaine 357,37 $

Et pour les irréductibles du travail au noir, ceux qui ne donnent aucune valeur aux avantages qui ne sont pas de l’argent sonnant dans leur poche, la conclusion est la même.  Lorsqu’on exclut tout ce qui n’est pas un avantage en argent, le salarié est quand même perdant en travaillant au noir.

Dans les faits, la grande majorité des salariés que nous rencontrons et qui demande de l’aide du syndicat parce qu’ils ont un régime de retraite insuffisant ou une couverture Médic inadéquate (parce qu’ils ont travaillé au noir) regrette leur choix. Malheureusement, il est trop tard pour corriger leur situation.

Dans une perspective plus générale, les salariés qui travaillent au noir travaillent contre eux-mêmes.  Ils permettent à leur employeur de faire une concurrence déloyale aux autres employeurs, qui, à leur tour, voudront couper dans les conditions de travail des salariés afin de demeurer concurrentiel. C’est donc les conditions de travail de tous les salariés de la construction qui subiront une pression à la baisse.

Il y a vraiment juste les employeurs qui sont gagnants avec le travail au noir. Les salariés, eux, sont perdants sur toute la ligne !