Le vendredi 17 août 2007 – Une pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction se pointerait à l’horizon; les employeurs s’affolent et réclament l’ouverture des bassins pour pallier au manque. Au fait, de quel manque s’agit-il? La FTQ-Construction s’exprime sur cette situation déplorable qui semble plutôt s’apparenter à de l’opportunisme.

 

Consommation d’apprentis
Lorsqu’il est question de construction, les consommateurs s’attendent évidemment à une main-d’œuvre compétente et à un produit de qualité. C’est aussi en ce sens qu’abonde la FTQ-Construction. L’expertise et la valeur de la main-d’œuvre de l’industrie de la construction sont au coeur des préoccupations syndicales puisque c’est par cette voie que les salariés se réalisent, tant sur le plan professionnel que personnel. Une main-d’œuvre qualifiée et compétente est gage de succès et de satisfaction pour l’ensemble de la société : consommateurs, travailleurs et employeurs.

Si, pour satisfaire les exigences frénétiques du marché, il y a ouverture des bassins pour les métiers ou occupations concernés, ce sont des apprentis qui intègrent alors l’industrie de la construction. Ces nouveaux salariés ne sortent pas des écoles et n’ont ni expertise ni expérience en regard de leur nouveau métier.

 

Actuellement, l’industrie semble consommer à tord et à travers une masse d’apprentis. Voilà qui cause problème : les employeurs réclament l’ouverture des bassins pour faire entrer des apprentis qui, rappelons-le, coûtent moins cher.

Mobilité de la main-d’œuvre entre les régions du Québec
Afin d’éviter que se soient toujours les mêmes qui bénéficient des opportunités de travail, la FTQ-Construction favorise l’emploi des travailleurs et des travailleuses de la région même où se trouve le chantier. Si la région est active complètement, on favorise alors la mobilité de la main-d’œuvre des régions avoisinantes. D’ailleurs, le gouvernement abondait également en ce sens au moment où il a créé les bassins de main-d’œuvre régionaux il y a de cela une trentaine d’années.

Une mesure d’équité sociale
Cette mesure ne vise en aucun cas à pénaliser l’entrée de nouveaux apprentis, comme pourraient le croire certains, mais plutôt à éviter qu’une région voit son taux de chômage monter en flèche. Faut-il rappeler qu’à l’origine, ces bassins ont été constitués de façon à équilibrer la main-d’œuvre sur l’ensemble du territoire québécois? Puisque ce sont les investisseurs qui choisissent leur lieu d’établissement dans la province, l’industrie a prévu des mesures afin d’éviter que ce soient toujours les régions éloignées qui soient pénalisées. Il fait partie de la culture des travailleurs et des travailleuses de l’industrie de se déplacer à travers la province, de chantier en chantier.

On sait que des travailleurs au chômage affectent l’ensemble de leur région sous de multiples aspects, impliquant non seulement des conséquences économiques mais aussi sociales. Pour ces raisons, la FTQ-Construction se positionne contre l’ouverture des bassins à outrance pour permettre aux employeurs d’exploiter de nouveaux apprentis année après année. En inondant les bassins, on prive d’un emploi de nombreux travailleurs et travailleuses compétents et expérimentés de partout au Québec.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes
Les chiffres sont éloquents et il y a certainement des questions à se poser quant au roulement des salariés dans l’industrie de la construction. Selon les données de la Commission de la construction du Québec (CCQ), seulement pour l’année 2006, 43 000 salariés ont travaillé moins de 500 heures. De ce même nombre, 26 686 de ne franchissent pas le cap du 150 heures. Étant donné qu’un travailleur qui intègre l’industrie par les bassins doit obligatoirement avoir une garantie de 150 heures de travail, on suspecte les employeurs de consommer beaucoup d’apprentis de première année. On exploite leur force de travail puis, plutôt que leur permettre de compléter leur apprentissage, on en prend d’autres.

Alors que l’on sait qu’il existe pour chaque métier des ratios apprentis-compagnons à respecter pour permettre un apprentissage de qualité, présentement, au moins sept métiers comptent plus d’apprentis que de compagnons. En outre, il est bien connu que nombreux sont actuellement les compagnons qui peinent à se trouver du travail.

Depuis 1997, toujours selon la CCQ, 138 834 salariés ont quitté l’industrie. Ce qui signifie qu’en dix ans, plus de travailleurs ont quitté la construction qu’il y a de salariés actifs présentement pour l’ensemble de l’industrie. Visiblement, la solution n’est pas l’ouverture des bassins. Il faut plutôt que l’industrie développe des solutions pour augmenter la rétention de la main-d’œuvre. La FTQ-Construction réclame en ce sens une meilleure planification et un étalement des travaux pour assurer plus de constance dans l’ouvrage, de favoriser le transit des salariés d’une région à l’autre et de développer des mécanismes pour permettre aux jeunes de compléter leur apprentissage.

MM/

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