Montréal, le 6 décembre 2006 – C’est bien connu, l’industrie de la construction en est une cyclique, fluctuant au rythme de nombreux facteurs socio-économiques. L’année 2006 n’échappe pas à ces impératifs et se terminera sur une note un peu moins positive qu’on ne l’avait prédit.

Bien que l’année ait débuté sur une forte lancée et que l’on estimait le nombre d’heures total travaillées à près de130 millions, la deuxième moitié a été marquée par un ralentissement. Ainsi, près de 124 millions d’heures auront été travaillées en 2006, ce qui constitue une légère baisse par rapport à 2005, soit une diminution de 1%. On parle donc d’une tendance à la baisse pour l’ensemble des activités dans l’industrie de la construction au Québec.

Cependant, il convient de replacer ces données dans un cadre plus global. Il apparaît alors clair que la situation de l’industrie demeure somme toute assez enviable, considérant l’effervescence des activités et la croissance incessante des huit dernières années. La petite tendance à la baisse qui teinte l’année 2006 s’inscrit au cœur d’un ralentissement de certains secteurs et à la conjoncture de divers facteurs tels que la fin de projets d’importance dans l’institutionnel et le commercial ainsi que le ralentissement du résidentiel par exemple. Malgré tout, notons que l’industrie se porte bien, que le volume de travail demeure très important et que l’avenir s’annonce prometteur.

Sommaire des perspectives pour 2007
En effet, bien que l’année 2007 sera marquée par une baisse des activités, il ne s’agit vraisemblablement que d’une situation passagère. Le volume de travail devrait toujours se chiffrer aux environs des 120 millions d’heures, encore en baisse par rapport à 2006. Toutefois, comme le mentionnait M. André Ménard, président-directeur général de la Commission de la construction du Québec lors de la cinquième conférence de la CCQ sur les perspectives économiques de l’industrie lundi dernier, considérant que le nombre d’heures travaillées était de 65 millions en 1996, nous serons tout de même au double en terme de volume de travail.

Au cours des années à venir, les projets publics représenteront près de 60% des investissements en dehors du secteur résidentiel, ce qui fait du gouvernement québécois l’un des principaux donneurs d’ouvrages au Québec. Il est donc primordial qu’une attention particulière soit portée à la gestion et à la planification des travaux de façon à ce que l’industrie de la construction puisse s’accommoder à ces grands projets et éviter un engorgement des activités, suivi d’une période importante de ralentissement. Voilà qui est primordial pour les travailleurs et les travailleuses afin de s’assurer d’un minimum de stabilité d’emploi. À ce sujet, le ministre du Travail présent à la conférence de la CCQ, M. Laurent Lessard, abonde également dans ce sens et affiche la volonté du gouvernement d’étaler la planification des travaux.

Finalement, il apparaît évident que les besoins de main-d’œuvre pour les années à venir demeureront importants pour l’ensemble de l’industrie. Bien entendu, certains secteurs seront plus favorisés que d’autres, mais les perspectives globales ne sont pas aussi négatives que certains le laissent croire. L’industrie a connu un « boom » de croissance de ses activités au cours des dernières années et il est normal que l’on voit poindre une légère baisse. Malgré tout, le volume demeure largement au dessus des moyennes. Par ailleurs, le ralentissement de 2007 ne sera que passager, faisant place à une nouvelle croissance anticipée dès 2008 avec la mise en chantier de grands projets.

Secteur résidentiel
C’est maintenant officiel, la fureur et l’enthousiasme des dernières années dans la construction résidentielle sont bel et bien terminés. Pour 2007, on prévoit environ 41 000 mises en chantier de logements, ce qui représente une baisse de 11% additionnelle par rapport à 2006. De ce fait, les heures travaillées devraient aller dans le même sens.

On compte parmi les facteurs en cause la hausse des taux hypothécaires et la progression des prix des logements neufs, ce qui a pour résultat de ralentir l’enthousiasme des acheteurs. Il est à noter que pratiquement tous les types de constructions résidentielles sont affectés par ce ralentissement.

Secteur industriel
Depuis les six derniers mois, le secteur industriel a connu une descente assez abrupte du nombre d’heures travaillées en partie à cause de la fin de certains chantiers d’importance, tels que ceux des projets de Ultramar, de Shell, de Pétro-Canada et des Alcools de commerce qui atteignaient globalement plus de un milliard de dollars. Le secteur manufacturier n’est pas étranger non plus au ralentissement qui sévit dans ce secteur. En effet, les difficultés du secteur manufacturier affectent grandement les constructions d’établissements. Somme toute, certains projets d’envergure seront là pour soutenir le secteur industriel en 2007 et stabiliser le nombre d’heures travaillées malgré la baisse générale des activités. À titre d’exemples, on compte notamment Ultramar à Lévis qui agrandit sa capacité de raffinage (150 M$), la modernisation des installations de QIT-Fer et Titane à Sorel-Tracy (489M$), les mines d’or LaRonde II, Lapa et Goldex d’Agnico-Eagle en Abitibi (432 M$) et la construction à Jonquière de l’usine de traitement des brasques d’Alcan (250 M$).

Secteur génie civil et voirie
Même si les prévisions du secteur du génie civil et voirie pour 2006 étaient supérieurs à ce qui sera atteint finalement au terme de l’année, le secteur affiche tout de même une hausse de 3% par rapport à 2005, avec 23,5 millions d’heures travaillées. Les budgets concédés aux travaux sur le réseau routier, les égouts et les aqueducs, la construction des parcs d’éoliennes sont autant de projets qui stimuleront le secteur en 2007. Une année assez vigoureuse pointe à l’horizon et de nombreux projets contribuent à cette énergie : Eastmain-1A-Ruppert (4 milliards $), l’interconnexion avec l’Ontario (684 M$), le terminal méthanier de Gros-Cacouna (660 M$) et celle du pipeline d’Ultramar Lévis- Montréal (200 M$). On estime à 25 millions le nombre d’heures travaillées, soit une augmentation de 6% par rapport à 2006. Ainsi, les investissements dans l’énergie électrique sont une partie majeure de la croissance des travaux dans ce secteur et cette tendance semble vouloir se maintenir dans les années suivantes avec des investissements majeurs d’Hydro-Québec pour différents projets de l’ordre de 18,5 milliards $ sur cinq ans.

Secteur institutionnel et commercial
Après une baisse enregistrée en 2006 de 3% (pour le nombre d’heures travaillées) comparativement à 2005, le secteur institutionnel et commercial devrait poursuivre sur cette tendance à la baisse en 2007. L’institutionnel devrait voir son volume d’activité augmenter, mais cela ne compensera pas pour le repli du bâtiment commercial et la baisse des constructions de tours à logements. Le bâtiment institutionnel semble toutefois se placer, en 2007, au creux de deux vagues, puisque, outre les projets déjà en branle qui se termineront aux alentours de 2008, plusieurs projets d’envergure sont aussi annoncés pour les années à venir, tels que le CUSM (Montréal, 1 579 M$), le CHUM (Montréal, 1 518 M$), l’Université de Montréal, campus de la gare de triage d’Outremont (Montréal, 1 000 M$) et le CHUQ (Québec, 200 M$).

Régionalement… Qu’est-ce que cela signifie?
Conclusions faites, bien que 2007 verra une baisse globale des activités, les perspectives générales pour l’industrie demeurent assez bonnes. Bien entendu, toutes les régions de la province ne seront pas ex aequo en terme de volume de travail. Globalement, on prévoit une variation à la baisse de 2% pour l’ensemble du Québec en 2007.

La région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie est la seule à bénéficier d’une variation à la hausse de 15% de ses activités, en raison des installations d’éoliennes et du projet de port méthanier. Inversement, la Baie-James verra son volume de travail baisser de 40%, plusieurs grands chantiers se terminant cette année dans cette région. Sur la Côte-Nord et en Estrie, certains projets industriels sont annoncés, ce qui permet une anticipation d’une variation à la hausse de 5% des activités. Pour le Grand Montréal et l’Abitibi-Témiscamingue, une baisse générale dans tous les secteurs résulte en des variations à la baisse respectives de 2% et de 5%. Pour le reste, la stabilité semble être le mot d’ordre, affichant des variations nulles.

MM/

N.B. : Toutes les données statistiques contenues dans cet article sont tirées des documents préparés par la CCQ pour la conférence Perspectives 2007, le 4 décembre 2006.

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