Le lundi 17 décembre 2007 – S’il est vrai que l’année 2007 aura été favorable à l’industrie de la construction, il semble que les perspectives demeureront très bonnes pour 2008, de même que pour les prochaines années à venir.
2007: à la hauteur des attentes 
La Commission de la construction du Québec (CCQ) estime que 124,5 millions d’heures se sont travaillées cette année, une hausse de 1% par rapport à 2006. L’ensemble des conjonctures économiques ont été favorables à l’industrie de la construction cette année, même le secteur résidentiel affiche une performance surprenante comparativement à ce qui avait été prévu.

Heures travaillées dans l’industrie de la construction

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2008: principes généraux 
Selon la CCQ, tout porte à croire que 2008 sera encore plus vigoureuse et on prévoit ainsi une augmentation des heures travaillées de 3%, pour atteindre les 128 millions d’heures. Malgré la montée de la valeur du huard, les prévisions économiques s’annoncent favorables et l’économie québécoise devrait aussi connaître une hausse.

Les nombreux investissements annoncés par le gouvernement, que ce soit dans le secteur de la santé, de l’éducation, des routes ou autres infrastructures, contribuent aussi à cette effervescence. L’ensemble des projets mis sur table totalisent 30 milliards de dollars sur cinq ans, ce qui favorisera en partie la relance du secteur institutionnel et commercial. Sans compter les investissements prochains dans le secteur de l’énergie qui avoisinent aussi les 31 milliards. Voilà qui représente un volume de travail très important, dispersé un peu partout à travers la province.

Bien entendu, le secteur du génie civil et de la voirie devrait bénéficier d’une croissance spectaculaire étant donné la quantité impressionnante de travaux routiers à réaliser dans un délai assez restreint. Le démarrage au printemps dernier du complexe Eastmain-1A-Rupert à la Baie-James contribue pour beaucoup aussi à l’activité accrue de ce secteur. Pour ce qui est de l’industriel, certains projets miniers de même que les industries de l’aluminium et du pétrole devrait favoriser une relance des activités de ce côté. Seul le secteur résidentiel affiche une tendance à la baisse, qui devrait toutefois être éclipsée par la vitalité de l’ensemble des autres secteurs.

Portraits régionaux 
Pour 2008, la moitié des régions du Québec verront leurs activités augmenter. La plus forte hausse sera bien entendue enregistrée à la Baie-James en raison du Projet Eastmain-1A-Rupert, où le volume de travail doublera.

En Mauricie-Bois-Francs, la fin des chantiers de Rapides-des-Cœurs et Chute-Allard provoquera une baisse d’activité. La fin du chantier Péribonka affectera aussi grandement le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie devraient être stables, avec un taux d’activité équivalant à la dernière année.

Variation des heures travaillées par région

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2009-2012: prévisions à moyen terme 
Afin d’établir des perspectives à moyen terme, la CCQ a étudié l’ensemble des facteurs influents pour dresser un portrait du Québec sur plusieurs années. La construction devrait connaître des jours heureux pour encore quelques années, soit jusqu’en 2012 à tout le moins. D’ailleurs, les spécialistes de la Commission prévoient que le volume de travail devrait atteindre un sommet en 2011 à 140 millions d’heures travaillées.

Si l’ensemble des indicateurs laissent présager une bonne conjoncture économique, c’est aussi grâce aux investissements publics massifs, représentant près de 70% de la construction non résidentielle, que la période 2009-2012 s’annonce énergique.

La main-d’œuvre 
Le grand défi de l’industrie pour les années à venir réside en la main-d’œuvre à fournir pour réaliser l’ensemble de ces grands projets. L’ensemble des métiers et occupations verront leur volume de travail augmenter, à l’exception des charpentiers-menuisiers en raison de la baisse du secteur résidentiel.

La CCQ prétend qu’il faudra 14 000 nouveaux travailleurs par année d’ici 2012 dans l’industrie de la construction : 10 000 pour combler les départs et 4 000 environ pour remplir la demande de main-d’œuvre grandissante. La FTQ-Construction considère qu’il est urgent de se pencher sur l’incapacité de l’industrie à retenir sa main-d’œuvre. Avec un taux de roulement d’environ 14%, tout aussi bien dire qu’il y a, chaque année, autant de gens qui quittent l’industrie que de nouveaux travailleurs qui y entrent.

L’idée n’est pas d’ouvrir bien grand les bassins de main-d’œuvre pour faire entrer à pleine porte des travailleurs dans l’industrie. La FTQ-Construction s’est toujours prononcée franchement en faveur de la formation professionnelle, considérant qu’il s’agit d’un outil essentiel pour les travailleurs leur offrant une plus grande employabilité. Le régime de formation professionnelle de l’industrie de la construction du Québec en a fait la plus productive en Amérique du Nord.

Les défis à venir sont grands et de taille. Il faudra notamment augmenter le nombre de diplômés, favoriser le recyclage et la formation des travailleurs arrivant des secteurs en difficulté (secteur forestier, manufacturier, etc.), promouvoir l’industrie de la construction et les avantages qu’elle a à offrir aux jeunes, mais surtout, limiter les abandons et augmenter la rétention de la main-d’œuvre de l’industrie. C’est l’avenir même de l’industrie de la construction qui en dépend.

MM/