Madame la ministre,

Par la présente, madame la ministre, j’aimerais que vous sachiez que le 12 janvier dernier, ici au Québec, plus précisément à Montréal, sur le chantier de construction du CHUM sous la responsabilité du Consortium Pomerleau-Verreault, encore une fois, un autre accident de chantier a eu lieu. Laissez-moi vous mettre au courant, parce que, une fois que vous aurez terminé de lire cette lettre, vous ne pourrez jamais plus dire que vous n’êtes pas au courant des faits du manque de sécurité et de prévention sur les chantiers de construction au Québec.

Le 12 janvier dernier, parce que les règles de sécurité n’ont pas été appliquées sur le chantier du CHUM à Montréal, mon époux a été gravement blessé et lutte depuis pour sa vie à l’Hôpital Général de Montréal.

Le 12 janvier dernier, le sous-contractant Constructions LJP qui faisait des travaux à une dizaine d’étages au-dessus et parce que les règles de sécurité n’ont pas été suivies, mon mari qui se trouvait plus bas a subi un traumatisme crânien sévère avec multiples saignements.

Le sous-contractant Constructions LJP qui défaisait ses toiles aux étages supérieurs sans aucun périmètre de sécurité, sans aucun filet de sécurité et même plus, sans jamais avoir vérifié préalablement, si un autre sous-contractant était affairé aux étages inférieurs, c’est alors qu’un énorme morceau de glace s’est dégagé de la toile lorsque cette dernière a été détachée et a terminé sa chute sur la tête de mon mari qui travaillait près de la structure à quelques 10 étages plus bas.

Madame la ministre, depuis le 12 janvier dernier, un homme de 56 ans et toute sa famille, moi, son épouse, et nos 5 enfants, avons TOUS perdu nos vies, et ce, parce que les règles de sécurité sur les chantiers de construction ne sont pas appliquées.

 

Mon mari lutte toujours, aujourd’hui le 14 février 2012. Il aura un long combat devant lui sans savoir si un jour il pourra reprendre une vie normale. Je ne suis plus au travail depuis le 12 janvier 2012, 3 des 5 enfants ne peuvent pas reprendre, encore à ce jour, le cours normal de leur vie. Nous avons PERDU un homme fort et en santé, un travailleur de la construction qui suivait les règles de sécurité, un père protecteur, un mari aimant, un ami, un collègue, nous avons perdu nos vies parce que les règles de sécurité sur les chantiers de construction c’est JUSTE DES MOTS.

Madame la ministre, j’ai lu la mission et la vision corporative du ministère du Travail, en partie, que le ministère tend à promouvoir la qualité des conditions de travail et que le ministère du Travail offre aux citoyens les services d’un État moderne et efficace qui est à l’écoute de leurs besoins et de leurs préoccupations, madame la ministre, est-ce que tout ceci serait JUSTE DES MOTS ?

Êtes-vous comme tous ceux que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant et qui n’ont que des beaux discours sur les règles de sécurité sur les chantiers ?

Madame la ministre, si vous êtes à l’écoute de nos besoins, il y a un besoin énorme de sécurité et de prévention sur les chantiers de construction. Dans le cas de l’accident de mon mari, ne pensez même pas me dire que l’enquête de la CSST n’est pas terminée – ce qui s’est passé est clair comme de l’eau –les règles de sécurité n’ont pas été appliquées, elles ont été écrites, elles existent, elles sont connues de tous, mais les faits sont qu’elles n’ont pas été appliquées et qu’un homme, mon époux, aujourd’hui lutte pour sa vie.

Madame la ministre, êtes-vous à l’écoute de nos besoins ? De nos préoccupations ? Je suis extrêmement préoccupée par ce qui s’est passé au chantier du CHUM le 12 janvier dernier. Personne n’a su répondre à mes questions à savoir POURQUOI il n’y avait pas de filet de sécurité ? POURQUOIaucun périmètre de sécurité ? POURQUOI y avait-il des travaux superposés ? POURQUOI aucune coordination des travaux ?

Auriez-vous des réponses ?

Madame la ministre, vous êtes au courant maintenant !

Lise Douville

Épouse de Serge Provost, blessé gravement lors d’un accident au CHUM dû à un manque de sécurité sur le chantier.