La réalité des femmes dans l’industrie de la construction demeure peu connue, non-seulement du grand public, mais également des employeurs et des syndicats. Peu nombreuses, les femmes occupent néanmoins un espace de plus en plus remarqué au sein de l’industrie. À peine 200 en 1995, elles sont aujourd’hui un peu plus de 1700 selon les données de la Commission de la construction du Québec. Elles occupent principalement des emplois dans les métiers de peintre, calorifugeur, plâtrier et poseur de revêtements souples.

« La réalité des femmes dans le milieu est méconnue » explique Valérie Bell, électricienne membre de la Fraternité inter-provinciale des ouvriers en électricité (FIPOE). Certains problèmes du milieu touchent particulièrement les femmes. « Un exemple banal, mais qui illustre les difficultés rencontrées au quotidien porte notamment sur les harnais ou les gants de travail,  qui ne sont pas adaptés aux femmes » souligne Mme Bell. Sur les plus grands chantiers, l’accessibilité à des toilettes ou à des vestiaires pour femmes pose également problème. Les employeurs et les syndicats  sont peu au fait de ces difficultés quotidiennes.

Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses dans la construction, ces dernières n’ont pas encore de lieu où elles peuvent échanger à propos de leur réalité. Valérie Bell mise sur la sensibilisation au quotidien pour faire connaître la réalité des femmes et encourager ces dernières à se rencontrer et à former des groupes d’échange. « Être femme dans la construction, ça prend de la tolérance et un bon sens de l’humour! » s’exclame-t-elle. « Il y a encore beaucoup de préjugés à l’égard des femmes, de blagues inoffensives en apparence, mais qui peuvent faire mal à la longue. Il est donc important de sensibiliser non seulement nos confrères, mais également nos consœurs et les employeurs ». Afin de commencer à regrouper les femmes de la construction, elle a récemment organisé une première rencontre afin que les femmes puissent partager leurs expériences et organiser les premières démarches en vue de la fondation d’un comité des femmes formel.

Écart de salaire

femme23Les femmes gagnent également un salaire moindre que les hommes. Selon la CCQ, « les deux tiers [des femmes] sont encore au stade de l’apprentissage (…) ». Pour la période 2001-2007, le salaire des femmes par rapport à celui des hommes atteint 64% dans le secteur charpentier-menuisier, 88% pour les peintres et 82% pour les électriciens. De plus, les femmes obtiennent moins de contrats que leurs confrères et sont souvent les premières mises à pied et, toutes proportions gardées, sont deux fois plus à quitter le milieu que les hommes. Mentionnons également que les femmes accèdent à l’emploi beaucoup plus tardivement que les hommes. « Plusieurs femmes qui choisissent la construction ont travaillé dans d’autres domaines. Il s’agit d’un changement de carrière. Elles ont donc généralement plus de vécu que leurs confrères, ce qui les aide peut-être à s’adapter à certaines situations difficiles » souligne Valérie Bell.

Travail à faire

Selon Valérie Bell, le milieu commence tranquillement à s’ouvrir à la réalité des femmes. Un important travail de sensibilisation demeure cependant à faire, non seulement auprès des travailleurs, mais également auprès des entreprises et des travailleuses. À ce titre, Valérie Bell invite les femmes à la discussion, faire connaître leur réalité et de s’impliquer syndicalement. Elle invite les femmes intéressées à communiquer avec elle à l’adresse valandollie@sympatico.ca .

Pour en connaître davantage, nous vous invitons à lire l’étude de la CCQ intitulée « Les femmes dans la construction » au:www.ccq.org/~/media/PDF/Recherche/DossiersSpeciaux/presence_femmes.pdf.ashx

Comité de la condition féminine de la FTQ: http://femmes.ftq.qc.ca/

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