Le vendredi 22 février 2008 – L’encre coule à flots suite à la sortie du rapport du groupe Castonguay sur le financement du système de santé québécois: un débat alimenté par de vieilles idées remâchées et façonnées au goût du jour.
Des solutions envisagées pour et par les riches… 
L’ensemble du rapport propose des avenues de financement du système de santé qui ouvrent toute grande la voie à la privatisation. Favoriser le recours aux assurances privées, permettre la mixité de la pratique des médecins et promouvoir la gestion des hôpitaux par le privé ne sont que quelques exemples des propositions avancées par le comité pour « moderniser » le système.

… au détriment de la population 
L’instauration du principe de l’utilisateur payeur par le biais d’une franchise contrevient à la valeur fondamentale du système public: l’universalité. En d’autres mots, ça signifie que pour consulter un médecin, peu importe la raison, vous devriez débourser un montant de base. M. Castonguay n’a fait reprendre la veille idée du « ticket modérateur » visant à limiter les visites récurrentes. L’effet pervers de cette proposition, c’est qu’en limitant l’accès à la consultation médicale, on s’attaque aussi à la prévention. En raison de cette taxe déguisée, un malade attendra plus longtemps avant de consulter, ce qui risque d’accroître la gravité de son état. Les soins dont il aura besoin coûteront alors plus cher.

S’il est vrai que le système dans sa forme actuelle connaît des ratées et des embûches, il faut analyser la situation avec les bons paramètres et éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Ouvrir la porte à la mixité de la pratique médicale (permettre aux médecins de pratiquer à la fois dans le public et dans le privé), c’est créer un système à deux vitesses. D’un côté, les médecins, les spécialistes et le personnel infirmier quitteront massivement vers le privé, où il en coûtera une fortune pour se faire soigner puisque qu’il s’agit d’un système dont l’objectif premier est le profit et non pas le bien-être de la population. Plus vous êtes malades, plus c’est payant pour eux. De l’autre, les listes d’attentes ne feront qu’allonger pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer. Voilà ce que représente véritablement, pour la majorité de la population, un système à deux vitesses.

Le privé n’est pas une option… Nombreuses sont les études abondant en ce sens: un système de santé privé n’est pas plus efficace et ne coûte pas moins cher. Pire encore, un tel système favorise l’appauvrissement de la classe moyenne et condamne les plus démunis de la société.

L’exemple alarmant des États-Unis 

Le cas le plus probant de l’inefficacité d’un système privé de santé est certainement celui de nos voisins du sud. Plus de 40 millions d’Américains n’ont pas les moyens de se payer une assurance santé et se retrouvent donc sans aucune protection en cas de maladie, d’accident, etc. C’est d’ailleurs la première cause de faillite personnelle aux États-Unis.

Si on se fie à leur expérience, il apparaît que le système privé est beaucoup plus onéreux. Aux États-Unis, les coûts reliés à la santé représentent 17% du PIB alors qu’au Canada, ces dépenses représentent 7,5% du PIB. Aux États-Unis, le prix pour une assurance privée, qui ne couvre qu’une une partie seulement des soins de santé que requiert une famille, se compte en milliers de dollars par mois. En avez-vous les moyens?

Moins cher le privé? Que dire de l’exemple de Général Motors? Chez GM, 25% du coût de production est directement lié à la santé par le biais des conventions collectives afin de prémunir les travailleurs et les travailleuses d’une assurance santé collective. Imaginez la tempête s’il fallait que les syndicats du Québec doivent négocier de tels sommes dans les conventions collectives! Et pourtant, il faudrait bien le faire, sinon qui en paiera le prix?

Malgré tout, le comité dirigé par M. Castonguay favorise encore et toujours la voie du privé…

Pourquoi favoriser le privé alors? 
Compte tenu du fait qu’en grattant le bobo, il est plus qu’évident qu’un système de santé privé n’a pas sa place au Québec, comment se fait-il que certains persistent en tant que porte-étendards pour la privatisation?

Au fil des ans, M. Castonguay, que l’on nomme a tord le père de l’assurance-maladie du Québec, a largement exposé ses idées dans les grands médias sur le principe de la tarification de même que sur les avantages à laisser le champ libre aux assurances privées. Saviez-vous que M. Castonguay est lui-même issu du milieu des assurances privées, où il a fait carrière pendant plusieurs années?

Quel avenir pour le système public?
Le système actuel requiert des modifications en profondeur, mais des solutions existent à l’intérieur du cadre d’un système public de santé, telle qu’une réorganisation du travail. Le Québec n’est pas le seul à composer avec un système public. Plusieurs pays ont de tels systèmes qui sont très performants. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce qui marche ailleurs?

La priorité au cœur de toutes ces réflexions, c’est de conserver ce que notre système a de bon, soit l’universalité et l’accessibilité des soins de santé à tous.

MM/

Signez la pétition! www.votezsante.com

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