Montréal, le 20 mars 2015 — Alors que partout on célèbre la Journée internationale de la Francophonie, la FTQ-Construction s’insurge de voir le chantier du futur Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), un des plus importants au Québec, se planifier et se bâtir en anglais.

Depuis le début du chantier, des documents, courriels et plans de construction produits par le consortium Construction santé Montréal (CSM) sont remis aux entrepreneurs et travailleurs québécois en anglais exclusivement. Des représentants de CSM sur le chantier du CHUM ont encore de la difficulté à s’exprimer en français.

Le gouvernement doit intervenir

L’Office québécois de la langue française (OQLF) est au courant du dossier depuis 2012. Trois ans après les premières plaintes, CSM ne s’est toujours pas doté d’un programme de francisation.

La FTQ-Construction demande à Hélène David, la ministre responsable de la Protection et la Promotion de la langue française, d’agir immédiatement pour rectifier la situation. « Le gouvernement a un devoir d’être exemplaire concernant le respect du français au travail. Dans le cas du CHUM, il s’agit du plus grand chantier institutionnel au Québec. C’est le gouvernement qui fait les lois. C’est le gouvernement qui a signé un contrat avec CSM. C’est le gouvernement qui a la responsabilité d’imposer le français sur ce chantier », soutient Yves Ouellet, le directeur général de la FTQ-Construction.

Selon la FTQ-Construction, les entreprises québécoises ont l’expertise pour construire n’importe quel type de bâtiments. « Malheureusement, le gouvernement du Québec a donné le contrat à des entreprises étrangères qui ne respectent même pas notre langue », rage M. Ouellet.

Bonifier la Charte de la langue française

La FTQ-Construction demande au gouvernement de modifier la Charte de la langue française pour obliger les entreprises étrangères qui obtiennent des contrats publics de respecter le français. « On veut que le français soit respecté dès le Jour 1 d’un chantier. Chaque contrat que le gouvernement signe devrait avoir une clause sur le français au travail », plaide le porte-parole de la FTQ-Construction.

La santé et sécurité des travailleurs compromise

Les exemples de violation du français ne manquent pas. L’automne dernier, un rapport d’intervention de la Commission de la santé et de la sécurité du travail mentionnait les problèmes de communication sur le chantier.

« Le secteur de la construction représente 6 % des travailleurs québécois. Pourtant, année après année, 25 % des décès liés au travail ont lieu dans ce secteur. Aucun compromis n’est acceptable quand on parle de la santé et de la sécurité des travailleurs », s’exclame Yves Ouellet.

Des plans en anglais

Malgré l’intervention de représentants syndicaux et d’entrepreneurs, CSM fournit encore des plans de construction annotés en anglais. Les annotations sont nécessaires pour que les travailleurs construisent en fonction de la volonté des ingénieurs. En fournissant des plans en anglais à des travailleurs francophones, des vices de construction pourraient avoir lieu.

« La population est en droit de se questionner. Comment CSM peut-elle garantir la qualité des travaux si les travailleurs ont de la difficulté à comprendre les instructions qu’ils reçoivent », s’interroge le directeur général de la FTQ-Construction.

Des travailleurs de la construction trilingues

La Commission de la construction du Québec a transmis, en janvier 2014, des offres d’emplois où le principal critère d’embauche était la capacité de parler « espagnol, français et anglais pour le CHUM ».

« Nos travailleurs devraient être embauchés pour leurs compétences de bâtisseurs, pas pour leurs compétences de traducteurs », conclut Yves Ouellet.

À propos de FTQ-Construction

La FTQ-Construction représente plus de 77 000 travailleurs et travailleuses de la construction. Avec une représentation de près de 44 %, elle est la plus importante organisation syndicale de l’industrie de la construction au Québec.

 

— 30 —