Montréal, le 7 décembre 2006 – Si la FTQ-Construction reconnaît la qualité du travail accompli par la Commission de la construction du Québec afin de produire l’analyse des perspectives économiques, il n’en n’est pas de même quant aux conclusions que cette dernière tire sur les questions relatives à la main-d’œuvre et aux orientations que la Commission entend prendre à ce sujet.

Plus encore, la CCQ ne semble entretenir aucun souci réel sur le sort réservé aux travailleuse et aux travailleurs de la construction et serait sur le point de se transformer en «gestionnaire affairiste» de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction.

Bassins de main-d’œuvre défoncés, ratios apprentis compagnons qui ne respectent pas la réglementation, transfert minimum de main-d’œuvre régionale, voilà autant de facteurs qui peuvent surprendre au moment où la Commission annonce qu’il faudra, encore une fois, ouvrir les bassins de main-d’œuvre. Selon la FTQ-Construction, il est temps que l’on s’interroge sur les causes de notre déficit de main-d’œuvre disponible dans l’industrie de la construction. Le taux anormalement élevé de roulement de main-d’œuvre qui sévit dans notre secteur industriel depuis des années démontre que l’administration n’est pas en mesure de gérer la main-d’œuvre. Si 25% de notre main-d’œuvre quitte à chaque année, c’est sûrement en raison de malaises profonds. Insécurité physique et insécurité d’emploi, instabilité sous toutes ses formes, conditions de travail parfois dignes du Moyen Âge, voilà autant de facteurs qui concourent à faire déserter les chantiers de construction.

S’il est vrai que le nombre d’heures travaillées dans l’industrie de la construction est en constante augmentation depuis 1995, la moyenne d’heures annuelles travaillées par salarié demeure bien en deçà de ce qui est nécessaire pour bien boucler un budget. Avec une moyenne annuelle de 946 heures de travail en 2005, ce qui représente un peu plus d’une demi-année de travail et un salaire annuel moyen d’à peine 27 637$, il faut bien avouer que malgré le « boum » économique, la réalité peut être tout autre pour ceux qui œuvrent sur les chantiers. Le discours entretenu par la CCQ portant sur les besoins en main-d’œuvre ne respecte pas cette réalité et s’affiche comme un mépris à l’endroit de ceux-là même qui assume 50% de son budget annuel.

Pis encore, la CCQ prétend désormais s’approprier le placement des travailleuses et des travailleurs sur les chantiers. En effet, un projet circule voulant faire de la CCQ une agence de placement. Présentement, la CCQ démontre qu’elle demeure incapable de respecter sa propre réglementation en matière de main-d’œuvre. Dans les faits, elle n’a ni la volonté politique, voir même la simple volonté, ni la rigueur pour satisfaire aux exigences de ses propres mandats. Comment pourrait-elle alors se déclarer apte à faire encore plus?

Avant de tenter d’accroître son champ de compétence, la CCQ doit d’abord bien assumer les mandats qui lui sont dévolus. Pour l’instant la preuve n’est surtout pas faite et la FTQ-Construction ne permettra pas d’augmenter le bourbier dans lequel la Commission patauge déjà.

Le directeur général adjoint

Richard Goyette

 

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