Plus on prend connaissance du contenu des modifications apportées aux conventions collectives négociées par l’Alliance syndicale (CSN-CSD-International) et plus il y a de quoi être surpris. La dernière en date : décaler les vacances de la construction d’une semaine vers le mois d’août.

Depuis des années, les vacances de la construction se prennent durant les deux dernières semaines pleines de juillet. Cette manière de déterminer les vacances permettait de prévoir à long terme la fermeture des chantiers. Ainsi, travailleurs et employeurs, donneurs d’ouvrage et propriétaires de même que toutes les industries et les services gravitant autour du secteur de la construction savaient à quoi s’en tenir à long terme, facilitant d’autant la planification.

Un prétexte ridicule
Se pose donc la question suivante: pourquoi avoir déplacé les vacances estivales? Selon l’ACQ : «La canicule qui sévit depuis quelques années au mois d’août explique ces changements de dates.» Est-ce que cette prétention résiste à l’analyse? Non.

D’abord, lutter contre la canicule en déplaçant les vacances d’une semaine, c’est ridicule. À croire que l’on sait à l’avance quelle semaine sera la plus chaude de l’été. S’il est vrai qu’il est possible de déterminer sur le plan statistique la semaine la plus chaude, il est douteux de se servir de la loi de la moyenne pour en faire une règle s’appliquant en matière de santé et de sécurité au travail. Prévoit-on la semaine de l’hiver où il y a risque de verglas afin de réduire le nombre de chutes. La santé et la sécurité au travail s’organise autour d’une stratégie d’organisation du travail et des méthodes de travail.

L’Alliance frappe dans le vide
En réalité, nous nous retrouvons, encore une fois, face à l’incompétence d’une partie syndicale dépassée par son mandat, qui ne connaît rien en matière de santé et de sécurité au travail et qui connaît tout aussi mal le contenu des conventions qu’elle avait à négocier. Rappelons que les vacances dans l’industrie de la construction ne sont pas généralisées. Dans le secteur industriel et le secteur institutionnel et commercial, les travaux d’entretien de réparation et d’urgence ne sont pas assujettis aux vacances, tout comme c’est le cas pour les travaux de modification ou de rénovation; les vacances peuvent être déplacées. Dans le secteur du génie civil, les travaux de routes, grandes routes, trottoirs, aqueducs, égouts et bien d’autres, les vacances peuvent être prises entre 1er mai et le 31 octobre. On aura qu’à constater tous les travaux de routes qui se font durant l’été pour comprendre que sur ce type de chantier, on ne prend pas de vacances l’été. Quant aux chantiers isolés ou sur le territoire de la Baie-James, les travailleurs ne bénéficient pas de période de vacances l’été.

Résumons les faits:

1. Pour faire face aux dangers pour la santé que représentent les contraintes thermiques en raison du réchauffement de la planète, on décale les vacances d’une semaine;

2. On présume que la canicule va frapper dans la dernière semaine de juillet et la première d’août;

3.On ne prend aucun moyen afin de s’assurer que les travailleurs seront protégés contre les coups de chaleur les autres semaines des mois de juillet et d’août;

4. On oublie de protéger tous les travailleurs qui n’ont pas de vacances durant cette période;

5. On ne tient pas compte des contraintes thermiques générées par le froid.

Pour lutter contre les contraintes thermiques, on ne déplace pas les vacances… On prend plutôt connaissance du Règlement sur la santé et la sécurité du travail qui comporte des dispositions à ce sujet et on les fait appliquer. C’est plus utile pour les travailleuses et les travailleurs des chantiers… Non?

L’expertise de la FTQ-Construction en matière de santé et de sécurité au travail

Depuis plusieurs années, la FTQ-Construction investit beaucoup d’énergie afin de faire connaître les dispositions qui protègent les travailleuses et les travailleurs œuvrant sur les chantiers durant l’été. Il y a quelques années, la FTQ-Construction avait interpellé la CSST à ce sujet et cette dernière avait rapidement produit une publicité et des guides permettant d’informer le milieu au sujet des dangers pour la santé (allant jusqu’au décès) occasionnés par la chaleur.

Lutter contre les contraintes thermiques, c’est aussi un combat quotidien afin de s’assurer que les travailleurs et les travailleuses bénéficient d’endroits où ils peuvent récupérer, qu’ils puissent prendre un temps d’arrêt tel que prévu au règlement. C’est aussi leur fournir l’information nécessaire leur permettant d’exercer leurs droits et les soutenir à chaque jour sur les chantiers. C’est la façon dont la FTQ-Construction prétend lutter contre les coups de chaleur. Le service santé et sécurité du travail de la FTQ-Construction, dirigé par François Patry, de même que l’ensemble des représentants des sections locales affiliées à la FTQ-Construction sont présents sur les lieux de travail afin de protéger la santé, la sécurité et l’intégrité physique de ceux qui y oeuvrent. C’est de cette manière que la FTQ-Construction fait évoluer le dossier de la santé et de la sécurité au Québec.

En terminant, comptons-nous encore chanceux que l’Alliance syndicale ne s’occupe pas d’environnement et, plus particulièrement, du réchauffement planétaire, car s’il est vrai que le ridicule ne tue pas, il est cependant déplorable qu’il négocie les conventions collectives dans l’industrie de la construction.

Le directeur général adjoint
Richard Goyette