«Harper et Ignatieff ont conclu une entente leur permettant d’éviter la tenue d’élections en pleine période estivale… Nous sommes déçus de constater que les libéraux ont négocié sur le dos des travailleurs et des travailleuses qui ont perdu ou qui perdront leur emploi. Ignatieff peut bien rugir, il ne fait vraiment peur à personne!» – Serge Dupuis, directeur de la sécurité du revenu à la FTQ-Construction.
Tergiversations… puis conciliation?
Après avoir crié haut et fort que les critères d’admissibilité au régime d’assurance-emploi devaient être revus et uniformisés à travers le pays et ce, avant les vacances estivales, Michael Ignatieff se range finalement derrière Stephen Harper. Au terme du suspense qui aura duré deux jours, les deux hommes ont finalement conclu une entente ce matin, échappant ainsi à la tenue d’élections en plein été.
Il y a quelques semaines à peine, Ignatieff réclamait encore ardemment que le seuil d’admissibilité au programme d’assurance-emploi soit abaissé à 360 heures pour tous, réforme proposée part le Bloc et le NPD. Ignatieff en avait d’ailleurs fait une condition essentielle pour appuyer le gouvernement. Aujourd’hui, à défaut d’élargir les critères d’admissibilité pour permettre à un plus grand nombre de travailleurs d’accéder au régime d’assurance-emploi et de subvenir à des besoins criants et immédiats, Ignatieff abandonne plutôt les travailleurs et les travailleuses en négociant une entente à rabais.
À qui ça profite?
Les deux politiciens ont convenu de mettre sur pied un comité ayant pour mandat d’étudier les modalités permettant aux travailleurs autonomes de cotiser au régime d’assurance-emploi, ce qui n’est actuellement pas le cas, et d’en uniformiser les critères d’admissibilité. Ce comité de travail, constitué de trois libéraux et de trois représentants du gouvernement conservateur, devra déposer son rapport d’ici le 28 septembre prochain. Tout ce tumulte à Ottawa pour la mise sur pied d’un comité de travail? Vraiment M. Ignatieff? Et les véritables mesures concrètes pour les travailleurs, elles sont prévues pour quand? M. Harper, lui, n’a pas bronché d’un poil: pas question d’uniformiser le seuil d’admissibilité à 360 heures pour tous.
«Nous sommes tout à fait en faveur de l’intégration des travailleurs autonomes au régime d’assurance-emploi, c’est une excellente chose. Le problème n’est pas là! Ils sont des milliers de travailleurs à perdre leur emploi chaque semaine et plus de la moitié des cotisants ne se qualifient pas pour bénéficier de prestations. Quand est-ce que le gouvernement va bouger?», s’inquiète Serge Dupuis.
Ça fait des mois que le gouvernement ne bouge pas sur la question de l’assurance-emploi, demeurant sourd aux réclamations des travailleurs. Des mois que la situation se détériore, que le chômage augmente et que les conservateurs continuent de jouer au chat et à la souris en esquivant le cœur du problème. «Pour nous, c’est clair: Ignatieff s’est dégonflé et Harper gagne du temps. Un comité de travail c’est bien beau, mais encore faut-il que ça serve à quelque chose!»
MM/