Montréal, le 6 octobre 2006 – L’Association des manœuvres interprovinciaux (AMI) de la FTQ-Construction dresse, suite au maraudage et au scrutin syndical du printemps dernier, un bilan de sa situation actuelle et des priorités qu’elle s’est fixées pour les trois années à venir. L’AMI est l’association qui regroupe le plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs oeuvrant dans les titres occupationnels au sein de l’industrie de la construction au Québec.
Il est évident que, détenant de facto le rôle du plus important syndicat représentant les manœuvres, les manœuvres spécialisés de même que le seul à offrir un secteur professionnel à ses membres exerçant les occupations de foreurs et dynamiteurs, arpenteurs, plongeurs scaphandriers, l’avenir des occupations passe obligatoirement par l’AMI. Rénald Grondin, directeur de l’AMI, aspire à la reconnaissance professionnelle des occupations et, selon lui, cela doit nécessairement se faire par le biais de la formation professionnelle : «S’il est vrai que la formation professionnelle est l’étendard de l’ensemble de la FTQ-Construction, c’est d’autant vrai pour nous, à l’AMI. La réalité des occupations a beaucoup changé dans les dernières années et nous voulons gagner la reconnaissance professionnelle qui s’impose.»

L’image populaire est parfois trompeuse
Le développement de l’industrie, la spécialisation des métiers et occupations ainsi que l’évolution technologique obligent : malgré ce que l’on peut en croire, les manœuvres sont spécialisés. Le titre de manœuvre représente aujourd’hui un ensemble de spécialisations, lesquelles ne sont actuellement pas reconnues comme telles dans l’industrie.
«Il faut changer les mentalités, de dire M. Grondin. L’image du pic et de la pelle, c’est complètement dépassé ! Les tâches auxquelles sont affectés nos travailleurs sont multiples et complexes et, pour preuve, notre formation en perfectionnement recyclage compte à elle seule près de 800 heures d’études en établissement. Il est absolument faux de croire que tout le monde peut faire ça… Est-ce que tout le monde peut devenir architecte, journaliste ou encore professeur ? Non ! Et bien chez-nous, c’est pareil ! La réalité des manœuvres sur les chantiers a bien changé et il y a des ajustements à faire.»

La nécessité de la formation professionnelle
Pour changer les mentalités et pour que les occupations soient reconnues d’un point de vue professionnel, il faut que les travailleurs et les travailleuses soient bien formés. C’est dans cette perspective que s’inscrit la formation professionnelle et le perfectionnement : être et demeurer à la fine pointe des nouvelles exigences de l’industrie. L’accès facile aux titres occupationnels est mauvais pour l’ensemble des manœuvres puisque ça revient à dire, en quelque sorte, que n’importe qui peut le devenir. Actuellement, il existe bien une formation obligatoire de base, mais nettement insuffisante. «Ce qu’il nous faut, c’est un vrai programme de formation professionnelle permettant aux jeunes d’accéder à l’industrie par ce moyen. Présentement, les titres occupationnels ne bénéficient pas d’une juste reconnaissance puisqu’ils se situent, dans certains cas, parmi le groupe le plus scolarisé de l’industrie. Voilà pourquoi, on veut être au premier rang de la formation professionnelle», affirme le directeur. L’AMI a procédé à l’analyse des mouvements de main-d’œuvre dans les occupations qu’elle représente. Plusieurs constats découlent des ces analyses. De ne pas accéder à l’industrie par la porte de la formation professionnelle, comme pour les métiers, engendre de graves conséquences à la fois pour les travailleurs, les employeurs et, de manière plus générale, pour l’industrie de la construction. Rénald Grondin, chiffres à l’appui, est en mesure de démontrer que les travailleurs qui entrent par ouverture de bassin, ne sachant pas à quoi s’attendre de l’industrie, désertent en grand nombre les chantiers. De plus, ne possédant pas de formation, ils sont moins productifs et démontrent trop souvent peu d’intérêt. Alors que ceux qui passe par les bancs d’école ou qui bénéficient de soutient et de perfectionnement exécutent mieux leur travail et, fait important, demeurent dans l’industrie. En somme, ils deviennent de véritables professionnels. Selon le directeur général de l’AMI : « Nous n’avons, ni individuellement ni collectivement, les moyens d’un tel gaspillage de potentiel humain et d’argent».

Comme la protection des travailleuses et des travailleurs devrait être, pour tous, une priorité, il ne faut pas oublier que leur santé et leur sécurité passe aussi par la formation… Il est en effet reconnu que les travailleurs ayant bénéficié d’une formation sont moins sujets aux accidents de travail et aux maladies professionnelles par exemples, puisqu’ils connaissent les risques encourus et qu’ils ont généralement appris et intégré une méthode de travail sécuritaire. Comme quoi la formation professionnelle est profitable pour tous, particulièrement aux travailleuses et aux travailleurs, tant pour l’amélioration de leurs conditions de travail que pour la protection de leur santé et de leur intégrité physique.

MM/ et RG/