Un autre accident est survenu récemment impliquant une grue dans l’arrondissement Ville-Marie à Montréal. Comme le craignait la FTQ Construction, les modifications aux règlements apportées par l’ancien gouvernement libéral n’ont pas rendu plus sécuritaire l’opération d’une grue.

 

Le travailleur, un monteur-assembleur, n’avait pas la formation requise. Depuis les modifications aux règlements le 14 mai dernier, les grues et camions-flèches peuvent être opérés par des travailleurs détenant une formation en entreprise ou une activité partagée camion-flèche plutôt que la formation de grutier. La grue impliquée dans l’accident de Montréal n’avait pas été stabilisée de manière conforme.

 

Qu’une grue soit opérée par un grutier

« L’opération d’une grue est une activité dangereuse et pour nous, une grue doit être opérée par une personne qui a la formation de grutier. La CCQ n’a pas les effectifs ni les capacités d’appliquer les règlements. Cela place les travailleurs, ainsi que le public, dans une position dangereuse» explique Eric Boisjoly, directeur général de la FTQ Construction.

 

Une preuve de plus

Ce nouvel accident représente un élément de plus que nous déposerons devant le comité d’experts créé par l’ex-ministre Dominique Vien pour réétudier le règlement. «La CCQ a plaidé qu’elle modifiait le règlement concernant l’opération d’une grue parce qu’elle trouvait l’ancien règlement inapplicable. Ce que l’on voit c’est que c’est toujours inapplicable. La seule façon de s’assurer qu’une grue est opérée de façon sécuritaire, c’est qu’elle soit opérée par un grutier» affirme Evans Dupuis, directeur du local 791G, représentant les grutiers. Le comité d’experts doit se rencontrer le 17 et 19 décembre prochain.

 

Une question de santé et sécurité

L’industrie de la construction est le milieu de travail le plus mortel au Québec. Chaque année, alors que la construction ne représente que 5% de la main-d’œuvre québécoise, nous avons le macabre record de 25% des accidents. En 1989, employeurs et syndicats de grutiers, ministère de l’Éducation, CSST et CCQ sont arrivés à la conclusion que la solution passait par la formation professionnelle pour réduire les accidents impliquant une grue ou un camion flèche. Un DEP totalisant 870 heures de formation théorique et pratique fut institué, sous l’égide du ministère de l’Éducation. Cette formation est complète et comprend des enseignements en milieu sécurisé et encadré.

 

L’impact positif du DEP

Les résultats en matière de santé et sécurité du DEP obligatoire sont indéniables. Depuis la mise en place de la formation professionnelle, le nombre de décès impliquant une grue a chuté, passant d’une moyenne annuelle de 4,5 décès à 1,5, soit une réduction de l’ordre de 66%. Rappelons aussi une baisse significative du nombre de lésions causées aux autres travailleurs lors des opérations d’appareils de levage.

L’opération d’un appareil de levage comporte une grande et incontestable responsabilité de protection à l’égard des autres travailleurs du chantier, de l’équipement sur place et de la population en général. L’environnement d’un grutier n’est pas seulement sa cabine, mais bien la circonférence pouvant être atteinte par la grue.