Montréal, le 26 novembre 2020 — À la suite du dévoilement des détails du projet, la FTQ-Construction trouve que le Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) amène plus de questions que de réponses. Selon le syndicat, le programme de 114,6 millions de dollars pourrait avoir pour effet de dévaloriser le diplôme d’étude professionnelle (DEP) dans la construction plutôt que de régler les problèmes de rareté de main-d’oeuvre.

Est-ce vraiment nécessaire?

L’industrie de la construction n’a pas actuellement de formation accélérée. Ceux qui désirent y adhérer doivent soit faire un DEP ou y accéder grâce aux voies rapides dues aux pénuries de main-d’oeuvre. Les Écoles de métiers font déjà des aménagements pour adapter leurs formations aux besoins des étudiants. Il n’est pas clair que les mesures proposées par le ministre auront un effet bénéfique sur la disponibilité de la main-d’œuvre.

« On est d’accord pour aider les gens qui sont sans emploi, mais en ce moment, la moyenne d’heures travaillées est de 950 dans l’industrie sur une possibilité de 1900. On a des gens en Gaspésie qui n’ont même pas assez travaillé d’heures pour avoir leur chômage! Le ministre crée des solutions à court terme qui vont avoir des conséquences sur notre monde à long terme. » prévient Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction.

Le PARAF s’ajoute à des mesures adoptées par la Commission de la construction du Québec (CCQ) pour pallier à la rareté de main-d’œuvre. Ces mesures facilitent l’entrée dans la construction sans diplôme.

Conserver la compétence et la productivité

Pour que l’industrie conserve son niveau de productivité, les sous-comités professionnels de la CCQ avaient évalué en 2020 que nous aurions besoin de 11 271 nouveaux diplômés par année jusqu’en 2024. Tous les acteurs de la construction avaient alors interpelé le ministère de l’Éducation afin qu’ils mettent les bouchées doubles. Il fallait donner suite au rapport de la Vérificatrice générale du Québec qui, déjà en 2018, blâmait la CCQ de son manque de rigueur pour s’assurer de la compétence dans l’industrie.

Dans un mémoire remis dans le cadre de l’étude de la Loi 66, la FTQ-Construction sonnait déjà l’alarme. Au cours des trois dernières années, seulement 30% des personnes qui entraient dans l’industrie détenaient un DEP, comparativement à 60% qui entraient par des voies rapides alors qu’auparavant, le ratio était inversé.

« Il y a des centres de formation professionnelle qui sont obligés de fermer des classes parce qu’ils manquent d’inscriptions. Et là, le ministre et la CCQ créent encore une façon de détourner la formation professionnelle en parlant de formations accélérées. Plutôt que de faire l’autruche, le ministre devrait rendre obligatoire le DEP pour tous avec des incitatifs financiers et nous aurions la meilleure main-d’œuvre de construction au monde. Au lieu de ça, on crée encore des voies de contournement pour faire plaisir aux patrons qui veulent de la main-d’œuvre à bon marché. » dit Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction.